La laie bernée (Thilefth itsoukelkhen)

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Le chacal n’a pas son pareil dans le règne animal. Pour déguster ce qui lui plaît, il redouble d’ingéniosité, aujourd’hui nous allons voir comment il s‘est pris pour dévorer les petits de la laie (thilefth).Depuis quelques jours, il a remarqué à la lisière d’une forêt, une laie qui élève sept petits marcassins dodus. Il veut les dévorer, mais la laie veille sur eux. A chaque fois qu’il les voit, il salive et à des crampes d’estomac. Attaquer de front la laie c’est s’exposer à un fatal danger. Il réfléchit durant des nuits et un jour, il s’écrit : Eurêka ! J’ai trouvé ! Qu’a-t-il trouvé ?Un jour, il se met au bord d’un sentier étroit, passage obligé de la laie. Sur un couscoussier renversé (thasek’souts) il se met à psalmodier, ce qui s’apparente à des versets sacrés, où il ne fait que répéter en touchant de ses doigts les trous du couscoussier.- Tha theflaTha our thefliOuagi d’aoual rebbi (Là il y a un trou, là, il est bouché. Ses paroles sont sacrées).Sur ses entrefaits passe la laie.Le voyant en train de psalmodier, elle s’approche de lui et lui demande ce qu’il fait. Méchamment, le chacal lui répond :- Tu me coupes le fil des idées, ne vois-tu pas que je suis en train de réciter des versets sacrés !- Je l’ignorais ! Je ne savais pas que tu étais lettré Ya si Mh’amed (autre appellation du chacal).- J’ai étudié le Coran et si Dieu veut bientôt j’irai en pèlerinage.- Ça tombe bien pour moi, j’étais justement à la recherche d’un marabout comme toi pour instruire mes sept petits. Je voudrai qu’ils apprennent au moins à lire, c’est le devoir d’une mère.Entendant ces mots le chacal s’arrête de psalmodier et lui dit :- Nek d’chikh laâliAs nesh’afdhagh aoual rebbi !(je suis un érudit, je vais leur apprendre les versets sacrés !)- En combien de temps, peux-tu leur apprendre quelques sourates du Coran ?- Pas plus d’une semaine s’ils sont intelligents !- Mes petits sont intelligents, ils apprendront vite leurs leçons.- Je n’en doute pas un seul instant.- Andats themâmarth ik’ ?(Où est-ce que tu donnes tes cours ?)- Je les donne partout, mais pour plus de commodités, vaut mieux que cela se passe chez moi, je n’habite pas loin d’ici. c’est juste à côté.- Puisque nous sommes voisins, je vais te les ramener !- Vas-y, je suis impatient de commencer. Je vais faire d’eux des génies.Quelques instants plus tard, la laie s’amène avec sept marcassins qui la suivent à la queue-leu-leu.Le chacal est heureux, il salive déjà, son plan a marché comme il se doit. Dès qu’elle les lui confie, il prend des allures de marabout et lui dit :- D’eg k’ra b-oussanAthen tsid afedh ghranDjouiden el qoranRouh’ a thilefth d’-ilaman !(Dans quelques jours à ne pas douter, ils auront appris à psalmodier le livre sacré. Tu peux partir en paix dame laie !)rassurée par les paroles réconfortantes et rassurantes du chacal, la laie se sentant plus libre, décide de se rendre chez sa sœur, pour sa vanter des futurs exploits de ses petits.

Benrejdal Lounes (A suivre)

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