L’échec recommencé !

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La vie d’un être humain, a fortiori, d’un acteur politique est un magma de croyances, de certitudes et qui, au bout accouche de ce que le commun des mortels admet comme étant des convictions et des principes. Elles identifient l’acteur politique, elles lui donnent un cachet, lui attribuent des qualités ou des défauts. Mais en tout état de cause, elles accordent un seau, un label à telle ou telle autre personne. On vient de tracer le portrait de cet acteur à l’état statique, l’image qu’il veut renvoyer de lui. Au fil des années, cette image, devient une fixation, un sacerdoce, une constante à laquelle l’individu s’accroche désespérément et cela quel qu’en soit le prix. Sur l’autel du machiavélisme cet être avance aveuglement en éliminant tout obstacle qui pourrait s’interférer et l’empêcher d’atteindre ses multitudes desseins inavoués. Il est admis que les certitudes ont la peau dure. Afin de mettre un terme à la supercherie et au hold-up de la mémoire collective, il est une tâche de salubrité publique à réaliser en pénétrant la boite noire pour disséquer les traits et par là même, cerner les contours de ce type de personne. A titre d’exemple, ce responsable politique qui feint de discuter l’usage de la légitimité historique par les uns mais qu’il trouve normal que lui en use et en abuse allégrement. Pour certains, c’est la guerre de Libération nationale, lui c’est Lambèse, c’est avril 80. Si comme durant ces événements là, comme dirait Jaques Brel, “ils étaient deux mille et on ne voyait que deux,” dans notre cas, c’est pire encore, ils étaient des milliers voire des millions mais apparemment, il n’y avait que lui. Pour l’histoire, un jour, il s’est amusé dans un ouvrage, à dresser un tableau décoratif de Béjaïa en vantant les mérites de cette région (vestiges historiques, panorama époustouflant) dans ce décor féerique, fréquenté par les singes ; point d’hommes, ni itinéraire, ni combat et pis encore toute forme de reconnaissance à une identité politique quelconque. Et pourtant, Béjaïa c’est aussi (…) Avril 80 et Mai 81 qu’il a réduit à un chahut de gamins qui aurait dérapé. Toute honte bue, il croyait naïvement pouvoir réduire l’histoire millénaire de cette région à des tableaux panoramiques. C’est pathétique ! Le temps et des hommes de cette région ont fini par lui faire prendre conscience de son énorme bourde, de son erreur monumentale. La mort dans l’âme, il s’est résigné à ne pas faire l’éloge et la promotion de ce livre qui d’ailleurs n’est ni sorti ni distribué par des militants à l’époque, en quelque sorte : un mort-né. A force de profiter de la crédulité de personnes plus sincères que dupes, on finit par commettre des inepties et des impairs difficilement réparables. L’histoire laisse des traces indélébiles.

Certains ne savent pas que cette personne fortement complexée par son statut par rapport à la guerre de Libération, passe son temps à convaincre les autres de l’admettre et lui faire une place à l’intérieur de leur cercle ; réduit à proposer des enfants de chahids à des postes dans le gouvernement comme gage de bonne foi. Dommage, même la dernière tentative avant les élections législatives a échoué. Il faut admettre que dans le microcosme politique algérien quand on accepte le rôle de pion, il faut aussi assumer les tâches inhérentes, car à force de vouloir manger avec le loup “cha Cal’’ et pleurer avec le berger, on finit par se retrouver hors jeu, hors course. Le pion est éjecté : échec et mat. Les principes et les convictions c’est comme la dignité, la dignité c’est comme le respect : ils se méritent chaque jour. J’étais ahuri d’entendre cette personne reprocher aux pouvoirs publics leur penchant régionaliste lors des dernières élections locales, alors que chez lui, il n’y a place que pour cela, pour paraphraser un militant : “C’est son opium, c’est sa religion’’. Je suis satisfait de voir que ces plans diaboliques basés sur l’alliance entre le tribalisme et l’argent n’ont pas fait recette à Béjaïa, bien au contraire, cela a été un échec cuisant. C’est le résultat qu’on obtient quand le laboratoire est fréquenté par des cancres à l’esprit creux C’est le règne du néant. Ne dit-on pas à juste titre « quand on sème le vent, on récolte la tempête ».

La schizophrénie d’un esprit contrarié et malmené n’a d’égale que cette paranoïa où on doute de tout, et on n’est sûr de rien. La vie devient un composite de soupçons, de complots imaginaires, de scénarios hallucinants, de kidnappings, de tortures, de harcèlements, de menaces et j’en passe.

Certains au moins ont profité de ce prisme déformant, se sont retrouvés grâce à une folle complicité et une complaisance aveugle loin du territoire national. Non, dans le cas qui nous concerne, le psychiatre ne peut être un acteur politique, il est par essence déformé déjà professionnellement. Quelle analyse lucide peut-il faire, quelle stratégie peut-il arrêter quand lui entrevoi tout sous le prisme déformant de sa formation : ce n’est pas le malade imaginaire de Molière, c’est le médecin malade (fou).

Ces personnes sont en général frappées par toutes les formes d’indigence : elles sont imbues de leur ego, esprit pédant marqué par la fatuité, toujours énervé, haute considération de soi, les alter egos sont suspects : des gens insignifiants, regard vicieux, haineux. Leur cœur est sombre, leur vie est triste ! Elles ne savent pas ce que sourire veut dire, les rires sont toujours pleins de sournoiseries et d’hypocrisies. Les personnes appartenant à cette catégorie sont des sang sues, ils ne savent pas ce que générosité, solidarité, fraternité veulent dire. Pour eux ces termes sont vides, ils sont porteurs de faiblesse humaine, de naïveté. Elles ne savent pas ce que descendre du piédestal veut dire !

Ce caractère alambiqué d’une personne ambivalente, je l’ai eu à le vivre, pour l’anecdote, lors des élections présidentielles de 2004 : j’ai eu à organiser à l’époque les sorties politiques dans le cadre de la campagne électorale à Djelfa en passant par Aïn Oussara et Hassi Bahbah et à Skikda en passant par Sidi Mezghiche et à Collo. Ma surprise fut de voir que les louanges étaient à certains (dans le langage courant ceux là sont les chouchous du moment, qui sont là pour aduler, vénérer et être l’apôtre du puissant du moment) ; à d’autres, les remontrances et invectives, ceux-là sont ceux qui ont accompli le travail avec sérieux et abnégation : ceux-là, il faut s’en méfier car ce ne sont pas des toutous à amadouer, ils savent bien ce que sacrifice veut dire. Ils n’attendent rien, surtout pas une rétribution matérielle (terrains, appartements, privilèges,…), seulement la satisfaction de la besogne accomplie. C’est pour cela, que tous ces militants qui se sont éloignés, ne doivent ni se résigner, ni accepter ce sort et ce destin comme une fatalité. Dorénavant, plus rien ne doit être comme avant. Ces militants ont milité, ont pris des risques, ils se sont sacrifiés, certains ont failli perdre leur travail, d’autres ont rétrogradés, d’autres vivent continuellement sous la menace ; tous doivent s’extérioriser, se montrer, s’exprimer. Comme dirait l’autre : «Le combat continue ». Ces militants, car ce sont des militants qui représentent un gisement et une richesse inépuisables pour l’Algérie. Ils doivent sortir de leur mutisme, car il est venu le temps de réparer une injustice historique, de réhabiliter tous ces militants laissés pour compte ; pour que les dictateurs éphémères ne sévissent plus, pour que l’anathème, l’opprobre et les propos sournois ne se fassent plus en leur nom. Les militants ont jugé. Leur jugement est sans appel. Le dictateur enveloppé dans l’habit hermétique du démocrate invétéré vivra désormais à l’aune de l’épée de Damoclès. Cela est synonyme de descente aux enfers. Par cette sentence irréversible : « Tu as réussi l’échec » Comme dirait l’autre, “la peur doit changer de camp’’. Et surtout ensemble disons : plus jamais ça. Il appartient à ceux qui ont bâti des forteresses au nom du combat des autres et aux brebis galeuses qui s’accrochent désespérément à leur mentor du moment pour des intérêts bassement matériels, d’assumer les échecs récurrents et endémiques. Avant que l’histoire les juge ; les militants démocrates, épris de justice et de liberté doivent être les dépositaires testamentaires d’un combat pour la justice et la dignité.

Mais, l’histoire n’est pas amnésique, ce n’est pas uniquement les militants qui ont fait les frais des sautes d’humeur du moment du “Manitou’’.

La presse aussi, a eu pour son compte.’’ Lettre à mes amis de la presse’’ fait partie de ce comportement tumultueux justifié par les intérêts du moment comme dans le compte Les fous du roi, cette personne devait se targuer du rôle de moralisateur. Une homélie sur mesure a été destinée en règle « cash » à la presse. Une litanie de reproches fut dressée et comme toujours, lui, c’est l’innocent, la victime par excellence.

Saïd Azamoum

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