“Cherchons éditeur désespérément”

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La Dépêche de Kabylie : Vous avez un album prêt depuis 2002 et il n’est toujours pas sur le marché. Pourquoi ?

l Idir Tagrawla : Eh bien! tout simplement parce nous n’avons pas trouvé d’éditeur. Sa réalisation nous a pris près de trois ans et lorsque nous l’avons proposé aux éditeurs l’un d’entre eux nous a déclaré qu’il est tellement bien conçu qu’il ne peut pas se vendre.

Pensez-vous que cet éditeur est bien placé pour avancer une telle chose lorsque l’on sait que Tagrawla a vingt ans d’existence et que la génération de l’époque vous écoutera avec plaisir ?

l Vous savez, il y a une nouvelle génération qui est plus nombreuse et qui ne cherche qu’à se défouler, donc je ne répondrai pas directement à votre question, mais je vous dirai simplement que cette nouvelle génération a d’autres soucis et est occupée par d’autres priorités.

Effectivement, nous sommes dans l’ère de la marque commerciale et d’un “Spécial fête”. Dans le cas où vous mettrez votre nouvel album sur le marché, quelle sera selon vous sa place ?

l Je ne vous cacherai pas que nous pensons sérieusement à l’éditer nous-mêmes et le vendre comme des marchands de patates et de choux aux grossistes !

Finalement, vous n’avez pas l’air d’être découragés ?

l Non. Pas du tout! Heureusement d’ailleurs! Nous ne sommes pas des professionnels de la musique.

Chacun de nous a sa profession et c’est pour cela que nous faisons tout pour être un maillon de la culture berbère.

De tous vos produits, il n’y en a qu’un seul de disponible sur le marché. Que deviennent votre premier album de 1980 et le double-album de 1990 ?

l Effectivement! Toutefois, nous les avons remis à Cadic qui en fait de petits tirages de temps en temps. Et cela, c’est selon la demande, donc, cela revient au public

Dans ce cas, pourquoi ne ferez-vous pas comme pour votre album inédit, à savoir les rééditer vous-même ?

l Nous allons essayer de faire une compilation de tous nos albums.

Vous avez déclaré que vous n’êtes pas des professionnels de la musique. Pourtant, vous vous êtes produit en Russie, en Litanie, en Espagne, en France, en Egypte et vous avez porté notre culture à l’échelle mondiale. N’est-ce pas du professionnalisme ?

l Non! Le professionnalisme, comme l’indique le mot “profession”, c’est vivre de sa musique et ce n’est pas notre cas, donc, nous ne sommes pas des professionnels de la musique.

Parlez-nous du contenu de votre album!

l Il contient une dizaine de morceaux. Il y a quelques chansons faites pour faire danser les gens. C’est une façon de récupérer la jeunesse qu’il ne faut pas négliger. Et bien sûr, le reste des chansons sont faites pour être écoutées et appréciées.

Et le côté arrangements artistiques ?

l Eh bien! nous les avons d’abord arrangées nous-mêmes avant d’aller au studio avec Bazou, puis Farid Harfi.

Vous étiez cinq à la fondation du groupe en 1977 et vous vous retrouvez à trois aujourd’hui. Pourquoi ?

l C’est la vie! Tagrawla a été fondé à l’université en 1977. A la fin de nos études, certains sont rentrés chez eux, et aujourd’hui, nous ne sommes pas trois à Alger, mais, nous continuons à évoluer ensemble, à trois.

Quel message avez-vous à faire passer aux jeunes d’aujourd’hui ?

l Ils ne doivent pas oublier leur culture même s’ils s’amusent avec d’autres cultures. C’est très important.

Un dernier mot…

l Je souhaite beaucoup de réussite à tous ceux qui font de la musique de bon cœur pour contribuer au développement de leur culture, et cela dans le monde entier.

Entretien réalisé par Kamel Souami

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