Tout comme celle venue de cet investisseur saoudien également ne répondant pas aux exigences techniques fixées dans le dossier. Il s’agirait du même homme d’affaire saoudien qui s’est déjà manifesté en 2006, bien avant le lancement du processus de privatisation de ladite entreprise, et qui serait revenu à la charge avec presque la même offre. A ce moment-là l’investisseur saoudien avait proposé 10 millions de dollars payables sur trois ans. Son offre sera rejetée donc pour la deuxième fois au motif qu’il ne répond pas à la formalité de base, à savoir être avant tout un professionnel du domaine de l’électroménager. Une condition à laquelle le partenaire social tient farouchement. En effet, le syndicat s’est montré jusque-là très flexible et prêt à admettre la cession de l’entreprise à un repreneur privé éventuel, pour peu que ce dernier soit un professionnel du domaine susceptible d’apporter un souffle nouveau que ce soit en matière de technologie, de compétences, d’investissements, de sorte à garantir un nouvel élan, une nouvelle ère plus florissante pour l’usine. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui puisqu’aucune offre jugée crédible n’a été enregistrée. A croire notre source, le Saoudien serait plus spécialisé dans le domaine de la pétrochimie et la production du ciment. Cela fait presque une dizaine d’années que l’on évoque la privatisation d’un certain nombre d’entreprises nationales dont le fleuron de l’industrie électroménager, l’Eniem implanté à Oued Aissi qui représente plus qu’un symbole pour l’économie nationale et la Kabylie en particulier. Plusieurs plans de redressements ont été envisagés au sein de l’entreprise sans que cela l’aide à sortir du gouffre dans lequel elle s’est retrouvée sous le poids de l’endettement généré par les grandes pertes dues à la dévaluation de la monnaie nationale qui n’a cessé de prendre des proportions de plus en plus conséquentes depuis le début des années 90. Le montant dû par l’entreprise au Trésor public s’élèverait à quelque 15 milliards de dinars. En novembre 2006 dernier, la banque d’affaires espagnole, Santander qui a été engagée par l’Etat, propriétaire des entreprises nationales, pour concrétiser la privatisation d’une dizaine de sociétés locales parmi elles l’Eniem, l’Enpec, le complexe de détergents Enad, le complexe de l’électro-industrie Enel de Azazga, la Sonaric, Sonatro, les trois filiales de fonderie Alfel d’El Harrach, Alfet de Tiaret, ou encore Alfon d’Oran pour ne citer que celles-là, a conclu ses études par divers appels d’offres lancés en septembre 2007. Plus d’une année après, le processus n’a toujours pas abouti, du moins pour l’Eniem pour laquelle aucun prétendant crédible ne s’est manifesté. Force est d’admettre aujourd’hui, que le processus est revenu au point de départ. Les choses continuent de patiner en tournant en rond pour ce, jadis, géant de l’électroménager national. Ce qui n’est guère pour rassurer ou délivrer les quelque 2 500 salariés de l’entreprise aux lendemains incertains face à l’absence d’une décision courageuse de l’Etat. Ils restent suspendus à la nouvelle politique qui devrait être définie pour l’entreprise après l’échec du processus de privatisation enclenché. Tous comptes faits, ne serait-il pas plus judicieux que l’Etat reconsidère sa vision en s’orientant vers une politique qui porterait sur l’encouragement des compétences internes de ces entreprises qui présentent des débouchés salutaires pour peu qu’un soutien franc leur soit manifesté. Il ne s’agit pas ici d’une plaidoirie nostalgique pour faire durer l’assistanat de l’Etat révolu par l’ère de la mondialisation mais un sursaut d’orgueil s’impose pour sauver ces entités qui ont symbolisé l’Algérie des années 70. Pour l’ENIEM, cela passerait inéluctablement par l’assainissement de sa situation financière, et une contribution conséquente pour le renouvellement de certains équipements et la modernisation de ses produits afin de l’aider à faire face à la concurrence souvent déloyale dont elle fait l’objet face à l’ouverture du marché algérien. Il y va de l’avenir des 2 500 familles dont assument la responsabilité autant de salariés que fait vivre l’entreprise.
Djaffar Chilab
