Les syndicats autonomes passent à l’action

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La dizaine de syndicats autonomes du secteur de l’éducation nationale qui ont menacé, depuis le début de l’année, de renouer avec leur mouvement de grève, sont finalement passés à l’action, hier, en réussissant à garder fermées les portes des établissements scolaires du pays. Cette grève devrait se poursuivre aujourd’hui.

Le mouvement de protestation menace de s’étendre sur tout le territoire. Unis derrière la plateforme de revendications de toujours, à savoir le statut de l’enseignant, les revalorisations salariales et autres problèmes liés aux conditions de travail.

Le statut élaboré par le ministère de l’Education nationale est décrié par l’ensemble des syndicats dont la Satef qui y voit plutôt une « régression intolérable ». La montée au créneau d’une dizaine de syndicats autonomes de l’éducation traduit dans les faits, tout le marasme du secteur qui demeure en proie aux difficultés de l’exercice de la profession mais aussi au laxisme des autorités à répondre à ses doléances. Cette action met en évidence l’échec des pouvoirs publics à faire entrer dans la légalité la contestation, qui a fini par créer des espaces où se retrouvent tous les mécontents enclins à suivre dans n’importe quelle démarche le premier groupe qui se proclame syndicat. N’étant pas identifiés structurellement, les grévistes d’un jour transitent entre les mailles des différentes structures syndicales, rendant la visibilité zéro quant au degré de mobilisation de chacune de ces formations mais aussi compliquant la situation du secteur, qui demeure de ce fait, otage de n’importe quel groupuscule qui saura faire monter les enchères. Le résultat est que le vis-à-vis du ministère devient multiple et donc indéterminé. La revendication enfle entre-temps. Elle perd aussi de sa consistance.

Les syndicalistes ayant rejeté la nouvelle grille de salaire des enseignants décidée par le gouvernement en consultation avec l’UGTA ont du mal à faire valoir leurs forces en tant que force de proposition et ce, faute d’existence légale.

Le ministère qui a refusé de discuter, il y a quelques années, avec le Cnapest et le Cla pour défaut d’agrément a plutôt enfoncé le clou, maintenant qu’il y a prolifération de syndicats et que le paramètre de la légalité est toujours absent.

Y faire face, devant une épreuve de force exercée de surcroît par un adversaire inconnu est une tâche des plus délicates pour le ministère de l’Education qui aurait pu prévoir envisager au moins le choix de l’interlocuteur officiel avant de prévoir la négociation.

La journée de protestation du 15 janvier appelée par le Snapap sera celle qui marquera l’année 2008. Une année qui s’annonce, d’ailleurs confuse, difficile dans le champ social largement gagné par la dégradation, non maîtrisée, du pouvoir d’achat des Algériens.

Il faut dire que le mouvement de protestation tant attendu par les fonctionnaires vise essentiellement à dénoncer des pratiques sournoises des pouvoirs publics et à revendiquer, donc, un salaire décent et l’amélioration des conditions socioprofessionnelles.La quasi totalités des syndicats autonomes dénoncent la confection d’une grille des salaires qui est loin de satisfaire les vœux des centaines de milliers de fonctionnaires. Comme ils dénoncent aussi leur exclusion quant à l’élaboration du statut particulier du personnel de l’administration publique.

Nacer Ould Mammar

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