Larbâa Nath Irathen subit-elle la malédiction des élections ?

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Soixante jours après son installation, le maire de Larbâa Nath Irathen siège pratiquement tout seul à l’Assemblée communale. Le poste de chef de daïra de cette localité devait être déclaré vacant depuis le départ mystérieux de celui qui a organisé les élections du 29 novembre dernier. Fort-National semble être livré à une situation administrative inédite.

Larbâa Nath Irathen, l’un des grands centres urbains de la wilaya de Tizi-Ouzou, est livré à une gestion municipale des plus originales. Cela fait deux mois que cette ville se trouve sans exécutif communal mais aussi sans chef de daïra. Le poste de celui-ci est géré par son homologue de Aïn El Hammam qui assure l’intérim.

Cette situation des plus rocambolesques a laissé les administrés pantois. D’autant plus que pour les deux cas de  » vacances « , c’est l’argument politique qui prédomine toutes les lectures. Mais la singularité réside dans l’absence prolongée du chef de daïra certains disent depuis le 30 novembre 2007 soit au lendemain de la proclamation des résultats des élections municipales.

Selon des sources proches du parti de Belkhadem, l’énigmatique disparition du chef de daïra de la scène locale est différemment décryptée. Si certains avancent sa mutation pour n’avoir pas réussi à  » placer  » le FLN à la tête des résultats du scrutin et lui permettre de prendre les commandes de la mairie, d’autres évoquent son depart Canada où il serait définitivement installé avec sa famille.

Hier en milieu de l’après midi, lors de notre tentative de nous enquérir de cette situation qui serait, à nos yeux, unique dans les anales de l’administration publique algérienne, la préposée au téléphone du secrétariat général de la daïra n’a pu dissimuler sa gêne à répondant à notre demande d’une entrevue avec le chef de daïra ou à défaut avec son secrétaire général. « Le chef de daïra est absent aujourd’hui, » nous a-t-elle répondu. « Serait-il simplement absent depuis ce matin ou bien partit en mission ? « , l’avions-nous interrogé. « Je ne sais pas au juste… de toute façons le chef de daïra n’est pas là aujourd’hui… » a-t-elle rétorqué en bégayant. Quand au secrétaire générale, la dame nous dira qu’il étaient en pause déjeuner.

Nos sources qui attestent que le poste du chef de daïra de Larbâa Nath Irathen est bel et bien vacant, affirment que c’est le chef de la daïra de Ain El Hammam qui assure l’intérim et évacue les affaires courantes de l’administration.

L’APC dans une impasse politique Alors qu’elle se retrouve dépourvu d’un sous-préfet, la localité est également démunie de l’exécutif communal. La mairie qui a basculé au profit du RCD au détriment du FLN ayant glané trois sièges chacun au même titre que le FFS, connait une gestion menée en solo par le maire M. Hocine Lounis. Ce dernier qui a résisté à une tentative de retrait de confiance, mène les affaires de la municipalité sans l’aide de personne étant donné « l’Assemblée n’est pas fonctionnelle. » pour reprendre la phrase d’un fonctionnaire de cette mairie que nous avons contacté hier après-midi. Ce goulot dont lequel est coincé la municipalité de Larbâa Nath Irathen date du 24 décembre 2007. Ce jour là, l’Assemblée communale qui s’est réunie pour l’installation de l’exécutif communal et la désignation des différentes commissions qui y siègeront, s’est vu en butte à des manœuvres annonçant la naissance de tiraillements entre élus.

« Après l’ouverture de la séance par le président lequel fera la lecture des points inscrits à l’ordre du jour et qui rappelle à l’assemblée la possibilité d’inscrire d’autres points, il passe la parole à un membre de l’assemblée, Amiri Mohand, qui propose l’inscription du retrait de confiance au Président suivi du vote de défiance, » doit on lire sur le P-V de réunion de l’APC tenue le 24 décembre 2007 à 14h, dont nous détenons une copie.

Le maire tique. Il sent le roussi. « Le Président entame alors une allocution orientée vers l’assistance à propos des élections, » lit-on encore dans le document officiel de la mairie.

L’élu Mohammedi Brahim rappelera le maire à l’ordre, ajoute le P-V, avant que « le Président ne lève la séance et abandonne la salle en emportant avec lui les registres des délibérations puis suivi par le secrétaire général. »

Cela n’empêche pas, à en croire ce qui a été transcrit dans le P-V de réunion, huit élus parmi les 11 qui composent l’Assemblée communale de reprendre la session. « La session reprend en présence de huit élus (…) qui n’ont à aucun moment quitté la salle et du secrétaire de séance qui a repris sa place. »

Ainsi, les huit élus signataires du P-V de réunion, en l’occurrence Amiri Mohand, Makhlouf Mouloud, Berkani Oussalem, Mohammedi Brahim, Hammani Arezki, Maouene Kamel, Irmal Meziane et Hamaizi Mouloud, ayant réuni les 2/3 des membres de l’assemblée, ont  » décidé à l’unanimité de demettre le Président d’APC de Larbâa Nath Irathen de ses fonctions par un vote de défiance public. »

Cette délibération n’a pas été transcrite sur le registre des délibérations notent les élus. Ils le font d’ailleurs signaler dans le P-V de réunion qui nous a été transmis. « Le Président a confisqué le registre de délibérations et refuse de le mettre à la disposition des élus pour la transcription de la délibération. » est-il encore mentionné. Et comme pour ne pas céder du terrain et tenter de faire sortir la municipalité du goulot d’étranglement politique, le maire et les huit élus s’adonnent depuis cette fameuse réunion à une guerre de communiqués qui n’intéresse apparemment aucun citoyen de Larbâa Nath Irathen. Peut-être que la société civile de cette localité regrette d’avoir accompli son devoir de vote ce 29 novembre 2007 !

M.A.T.

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