Au terme des délibérations, le juge près le tribunal criminel de Tizi Ouzou a prononcé, lors de l’audience d’hier, la peine de 7 ans de réclusion contre H. Fetta âgée de 60 ans. La mise en cause est accusée par la chambre d’accusation d’homicide volontaire par empoisonnement contre sa propre fillet Djouher âgée de 32 ans.Les faits remontent au 9 décembre 2002 dans le village Isnajen dans la commune d’Iflissenn, lorsque l’auteur H.F. a administré à sa fille un produit nuisible à la santé dans l’espoir de faire avorter sa fille enceinte de six mois, mais les évènements ont pris une autre tournure après que la victime soit morte sur le coup. Affolée, la mère a simulé un suicide, en mettant une corde autour du cou de la victime ainsi que la bouteille du liquide toxique. Durant l’interrogatoire tous les membres de cette famille ont déclaré à la police qu’il s’agit d’un suicide. Mais devant le juge d’instruction, la sœur de la victime a avoué que sa mère lui a demandé de remettre un verre d’un pesticide à sa sœur, ce qu’elle a refusé de faire. Les déclarations de la fille ont contraint H.F. d’apporter une autre version des faits, au point de reconnaître le double homicide. D’ailleurs, dans l’arrêt de renvoi, il est indiqué que l’inculpée a reconnu les faits. Le procureur de la République, qui a requis la peine capitale, croit que la mère a tout bonnement assassiné sa fille en raison d’un acte immoral, en s’interrogeant sur la présence de deux cordes autour du cou de la victime. « Si l’objectif était l’avortement, pourquoi l’auteur a utilisé des cordes ?”Les plaidoiries des MM Abbout et Gounane ont pulvérisé le réquisitoire du représentant du ministère public en soutenant la thèse d’avortement ayant entraîné la mort avec l’application de l’article 304 du code pénal. Tout en contestant les arguments contenus dans l’arrêt de renvoi, M. Abbout dira que “la chambre d’accusation doit instruire à charge et à décharge et non seulement à charge”. Selon la défense, le rapport du médecin légiste démontre qu’il n’ y a pas de traces de strangulation au niveau du cou, ce qui exclue la thèse de l’assassinat. Avant d’enchaîner que sa cliente n’a fait que se sacrifier pour sauver la réputation de la famille et du village.La défense a également contesté le rapport d’expert, qui selon elle, a avancé un jugement à la hâte sur la nature du liquide.Au terme de l’audience, les jurés ont répondu par un “oui” sur uniquement un chef d’inculpation, celui de l’avortement ayant entraîné la mort.
M. Aït Frawsen.