Cette conférence nationale sur la politique du secteur de la formation et de l’enseignement professionnels en matière de prise en charge des jeunes revêt, aux yeux de Bouteflika, une importance primordiale dans la mesure où la réunion Gouvernement-Walis d’octobre 2007 a été exclusivement consacrée à la problématique de la jeunesse.
Le chef de l’Etat par la voix de son conseiller a laissé entendre que « c’est la jeunesse qui a été la plus exposée et qui a payé un lourd tribut durant la décennie noire. C’est grâce à la politique de réconciliation nationale que de nouvelles perspectives ont été offertes à cette jeunesse, qui commence à retrouver espoir en son avenir et en celui de son pays. Elle permettra de créer les conditions de leur épanouissement dans une société qui aura enfin retrouvé sa stabilité ». La mal-vie de cette jeunesse marquée par le phénomène des harraga et bien d’autres problèmes de fond prouvent pourtant le contraire de cet espoir dont parle le Président.
M. Bouteflika a rappelé que la réunion Gouvernement-Walis a permis de dresser un constat à la fois sincère et préoccupant, un diagnostic sans complaisance de la situation actuelle de la jeunesse algérienne. Certes, « nous pouvons enregistrer avec satisfaction nos réalisations en matière d’infrastructures, d’équipements et d’encadrement, des réalisations qui se sont traduites par la scolarisation et la mise en formation de près de 10 millions de jeunes dans les écoles, les universités et les établissements de formation et d’enseignement professionnels » a-t-il précisé.
Il reconnaît néanmoins que beaucoup de problèmes demeurent, en particulier celui de l’accès à l’emploi et ces problèmes donnent naissance à la délinquance, la violence et la fuite vers d’autres horizons. C’est donc, a-t-il écrit, pour tenter de trouver des solutions satisfaisantes à ces problèmes que nous nous sommes fixé des objectifs stratégiques à atteindre, Il s’agit de « redonner à notre jeunesse sa réelle vocation qui est de croire en son avenir et en celui de son pays, mettre cette jeunesse à l’abri des sollicitations nuisibles et des manipulations qui prolifèrent dans le terreau du désespoir induit par le chômage, la marginalisation et l’exclusion, construire un environnement favorable au développement de la jeunesse et à son insertion socioprofessionnelle » note-t-il dans son discours.
Chaque secteur d’activité, dans le domaine qui est le sien, devra mettre en place les conditions et les moyens nécessaires pour traduire ces objectifs stratégiques en actions prioritaires pour répondre aux besoins et aux attentes des jeunes, actions dont les résultats seront évalués périodiquement. C’est dans ce cadre que l’initiative d’organiser aujourd’hui cette conférence nationale a été prise, en vue de définir, en étroite concertation avec les jeunes eux-mêmes, les mécanismes opérationnels à mettre en place au niveau de ce secteur stratégique.
L’Etat consent annuellement des moyens financiers très importants pour assurer la formation de centaines de milliers de jeunes, mais ces investissements ne sont pas suffisamment rentabilisés dans la mesure où le marché du travail continue de présenter une situation paradoxale avec d’un côté des diplômés au chômage, et de l’autre des secteurs d’activité confrontés à une pénurie de main d’œuvre qualifiée dans les métiers où les besoins d’emploi sont importants. Faire ce constat, c’est mesurer l’ampleur du défi qui nous fait face. Pour relever ce défi, nous devrons consacrer tous nos efforts et mobiliser tous les moyens dont dispose le pays pour assurer de façon efficace et efficiente la prise en charge des jeunes, tant au plan de la qualification qu’au plan de la formation du citoyen responsable, capable d’assumer son avenir. Le chef de l’Etat avertit qu’il est grand temps dans notre pays de changer nos attitudes vis-à-vis de l’apprentissage des métiers. L’avenir de notre jeunesse est entre les mains des jeunes eux-mêmes qui devront s’impliquer et participer activement à la préparation de cet avenir. Cette rencontre vise à leur donner la parole, car ils représentent une force de propositions qui nous sera indispensable pour orienter notre action. Il invite les participants à cette conférence nationale à s’exprimer donc en toute liberté et que leurs propositions reflèteront leurs préoccupations et leurs aspirations pour ouvrir de véritables perspectives d’avenir. Le discours du Président met en exergue les Olympiades des métiers, dont la troisième édition sera organisée dans les prochains mois, répondant aux attentes des jeunes dans ce domaine. Il est souligné que l’expérience des deux précédentes éditions a montré l’intérêt manifesté par les jeunes. Le Président souhaite que ces Olympiades soient institutionnalisées et deviennent une tradition dans le secteur de la formation et de l’enseignement professionnels.
Selon le chef de l’Etat, des mesures incitatives doivent être prises en matière de bourses et de présalaires des apprenants, mais également en matière de révision du dispositif de formation-production afin de permettre aux jeunes de tirer bénéfice des produits réalisés durant leur formation.
Les dispositifs d’aide à l’emploi des jeunes doivent être également adaptés et mis en œuvre en toute transparence pour assurer une meilleure insertion socioprofessionnelle des jeunes, car ces dispositifs contribuent au renforcement de l’activité économique.
Nacer Ould Mammar