Edifiant ce constat sur la recherche en Algerie qui pourtant reste le domaine d’évolution de chaque nation. Les laboratoires se font de plus en plus rares et nos scientifiques sont souvent tentés par l’aventure outre mer en emportant avec eux leur savoir et leurs compétences et d’après M M. Selah plus de 30% des chercheurs et universitaires surtout les médecins-chercheurs ont quitté le pays, tentés par les conditions de travail très favorables en privilégiant le Canada, la France et les Etats-Unis d’amérique. Pathétique réalité pour une Algerie déjà malade de ses infrastructures ainsi qu’une gestion aux abois.
Pourtant, naguère ce domaine a connu un début de progression même restreint et ce, sous de meilleures auspices régissant le secteur avec des médecins et des chercheurs venus de l’Europe de l’est. Restreint ou pas l’Etat n’a pas tourné le dos totalement à la recherche scientifique en lançant un partenariat scientifique avec les pays de l’Europe de l’est. Ô combien flagrant ce terme lorsque on sait que dans ce domaine, aujourd’hui l’Etat a pris le large en le laissant agonisant tel une lionne défendant ses petits après un combat acharnant face au mal dominant. Malheureusement, tout le drame est là. En effet, et en l’absence d’établissements spécialisés ainsi qu’un désintéressement quasi-total des pouvoirs publics, nos scientifiques sont sortis de leur coquille pour manifester leur mécontentement à l’adresse des parties concernées. Comparé aux autres nations et ce, sans verser dans le ridicule en prenant juste l’exemple de la Tunisie, l’Algérie reste à la traîne en surfant sur la vague de l’utopie de projets qui sont en réalité, qu’illusion en l’absence d’un vrai plan de recherche qui a fait la grandeur des nations. Les Etats Unis qui domine le monde tel un mammouth dans la jungle de la loi du plus fort devrait inspirer chaque nation et sortir ainsi des griffes de la dépendance.
En comptant sur des projets sans avenir ainsi qu’un investissement censé être idyllique pour l’Etat algérien en se reférant toujours à une énergie épuisable, elle risque de se retrouver dans les abysses de la morosité de son économie. L’Algérie des 100 milliards de dollars n’arrive pas encore à prendre en charge ce secteur afin de construire un vrai projet.
Pour s’en rendre compte de la situation, il suffit de se rendre dans nos universités ou bien au sein même des structures hospitalières. Sur place nous avons rencontré des médecins-chercheurs dans des conditions de travail assez mesquines, l’un d’eux nous confie la place misérable réservée à la recherche en Algérie « savez-vous qu’on manque de moyens les plus rudimentaires, regardez vous-même le matériel sur lequel on travaille,il est dans un état déplorable, comment voulez-vous combattre et vaincre les maladies si la recherche médicale reste sans prise en charge, cela ajouté au manque de chercheurs qui immigrent au canada et en Europe. »
A l’université de Bab Ezzouar, la situation est presque la même voir pire en l’absence flagrante de moyens « depuis 1999 plus de la moitié de nos chercheurs ont quitté le pays et ce, pour plusieurs raisons et la plus importante, c’est l’absence d’un vrai budget que la recherche mériterait, il est temps qu’on donne à la recherche sa vrai place sinon l’Algerie risque de sombrer dans le sous-développement totale car la recherche est le moteur de réussite de toute nation » précise un professeur d’université.
Le seul centre qui enregistre des progrès est celui d’ORAN mais qui fait face à un petit manque de compétences et de formation.
Au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique on parle d’un manque de formation dans le domaine, car l’élite nationale part souvent à l’étranger après la poste-graduation ainsi que la fuite massive des cerveaux après la campagne intégriste des années 90 et surtout l’absence d’un vrai plan de prise en charge. Ce n’est que ces dernières années qu’un soupçon d’intérêt s’est réveillé au sein des pouvoirs publics après que des chercheurs algériens ont tiré la sonnette d’alarme concernant leur situation professionnelle, travaillant parfois dans des conditions inférieures à leurs compétences. Le seul centre qui existe en Algérie est celui d’Oran mais ce dernier fait face à une pénurie de main-d’œuvre suite à l’exode massive des compétences vers d’autres pays plus cléments. Le problème qui se pose en Algerie est que le chercheur n’a pas un statut comme le stipule la loi, oublié donc une réelle prise en charge par les pouvoirs publics. Pour mieux comprendre les enjeux d’un tel domaine, il est d’abord important de comprendre comment ça marche. « Si l’Algérie veut développer sa production et se lancer dans le marché mondial ainsi que dans la concurrence, il est évident de relancer le secteur de la recherche.
On ne badine pas avec ça » martèle le professeur Selah. Ainsi, le risque d’illettrisme technologique est inévitable et l’Algerie n’a rien fait pour les générations à venir, un système qui méprise, malmène les cerveaux et déclasse la science et qui est habituée à une langue de bois ainsi qu’une démagogie qui freine l’évolution du secteur et en fermant les portes à toute initiative émanant d’universitaires surtout que les anciennes générations de scientifiques n’ont pas enfanté de grands chercheurs et cela sans remettre en cause leurs compétences surtout que le statut du scientifique algérien est toujours le même et n’a guère évolué depuis des décennies, pis encore, il s’est dégradé avec la décennie noire au point de pousser toute matière grise à quitter le pays au risque de travailler dans un domaine beaucoup plus inférieur à leurs compétences.
Pour ce qui est de l’élite nationale, elle attirée par les conditions de travail très favorables est fait ainsi le bonheur d’autres nations et contribue à leur développement.
Les multiples raisons qui poussent les cerveaux algériens à quitter le pays sont à la fois multiples et profondes. Hormis la situation dans laquelle se trouve le secteur, on peut noter le volet financier qui paralyse le bon fonctionnement du secteur ainsi que le mépris des pouvoirs publics et les différentes embûches que peut rencontrer le chercheur dans son parcours.
Alors tout reste à faire en commençant par un large volet financier apte à combler les besoins d’un tel secteur, en lui donnant un nouveau souffle, des structures adéquates et modernes avec une prise en charge rationnelle en évitant les discours utopiques et en se lançant dans le pragmatisme afin de sauver un secteur ô combien important et le moteur de développement de chaque nation se lançant dans la mondialisation et retenir ainsi une matière grise qui ne cesse de déserter le pays.
Hacene Merbouti
