Le chacal et le berger

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Cette histoire s’est passée à l’époque où les animaux avaient le don de la parole. En ces temps très reculés, il se produisait aussi des miracles, comme celui-ci. De tout temps, les chacals sont les ennemis des bergers, mais dans ce conte il fut un jour où un chacal s’est lié d’amitié avec un berger.Ce jour-là, le chacal n’avait rien à se mettre sous la dent. Ne voulant pas courir le risque de se faire tuer, il va directement solliciter un berger à l’effet de le sustenter. Il lui dit :- Ô gardien de troupeauJ’ai besoin d’un agneauPour calmer ma faim !Le berger lui répond :- Chacal je crois que tu es fouTu veux laisser ta peauIgnores-tu que tu es mon ennemi ?Dans le passé c’était vrai mais des miracles peuvent se produire dans la vie et rien n’empêche un berger et un chacal de devenir des amis !Touché par les paroles sensées du chacal, le berger lui offre un agneau boiteux en cadeau. Mais ce don généreux allait coûter cher au berger. Son père très méfiant à son égard, compte toutes les bêtes le soir.- Il manque l’agneau boiteux, où est-il ?- Le pauvre, il a été dévoré par un chacal !- Lui a été dévoré, toi, à partir d’aujourd’hui, tu ne fais plus partie de cette famille ! «Anda ik’ yahoua eghli !(Va où tu veux !)La mort dans l’âme le berger quitte la maison où il est né, et s’en va par les chemins. Vers la tombée de la nuit, il rencontre le chacal par lequel tout est arrivé. Il le met au courant de ses déboires.- Ne t’en fais pas, mon ami, ce sont des choses qui arrivent dans la vie ! Viens dans ma tanière, tu vas passer la nuit !Dans la grotte qui lui sert de gîte, le berger passe une nuit blanche. Il grelotte de froid. le voyant dans cet état, le chacal s’apitoie sur son sort, et dès la levée du jour, il cherche le moyen de lui procurer des vêtements chauds, car il n’avait sur la peau qu’une vieille gandoura fortement usée. Avisant deux jeunes garnements qui allaient aux champs, il se met devant eux et fait semblant de boiter. Il sait qu’ils vont lui donner la chasse. Pour courir plus vite, ils devront se débarrasser de leurs burnous. Jouant à la perfection la comédie, il abuse, ce qui permet aux berger de se vêtir de deux burnous à la fois.Cette nuit-là, au lieu de dormir dans la tanière, les deux amis sollicitent l’hospitalité chez une vieille femme qui s’empresse de les héberger. Trop contente de recevoir des invités, ce qui ne lui arrive presque jamais, elle leur prépare un succulent couscous au poulet.Une fois le repas terminé, la vieille leur raconte des histoires et dans la foulée, les met au courant de son secret. – J’ai beaucoup d’or, leur dit-elle (Ghori ed-hev at’tas !)- Peut-on voir ton or et l’admirer ? lui dit le chacal très intéressé !- Mon or, personne ne l’a vu ! (Yioun our-th iz’ri !) iI est caché comme mon âme (Erroh’iou) qui se trouve enfouie dans un œuf (thamelalte) à l’intérieur d’une perdrix (thasekourthe) qui elle-même se trouve dans un bélier (ik’erri). le bélier vit au fond de la mer.Le berger et le chacal n’ont rien compris, ils la prennent pour une délurée.

Benrejdal Lounes (A suivre)

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