Bouabdellah Ghlamallah, ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, qui devait répondre aux questions de journalistes présents, n’avait pas toute la latitude pour y parvenir même s’il n’y pas été avec le dos de la cuillère dans ses réponses.
Tantôt sur le ton humoristique, tantôt esquivant certaines questions, le ministre du culte, a, vraisemblablement tenté d’apporter des explications sur certain nombres de questions qui s’imposent.
Abordant les atteintes à la personne du Prophète de l’Islam, le ministre a estimé que cette campagne est du fascisme, lequel est détesté par tous les Hommes. Et d’ajouter que cet acharnement fanatique contre le saint Prophète » ne saurait ternir son image. L’islam, a-t-il insisté, est une religion d’amitié, de fraternité et d’entraide, une religion qui reconnaît la culture d’autrui. » Evoquant le phénomène qui fait, actuellement, les choux gras de certains titres de presse, pour des raisons mesquines et non avouées, à savoir l’évangélisation, M. Ghlamallah a affirmé que, » c’est toute l’Algérie qui est ciblée par ces campagnes « , soulignant, au passage que, » le prosélytisme évangéliste est une réalité qui touche plusieurs régions du pays et ne se limite pas uniquement à la Kabylie, laquelle a donné d’illustres érudits et enseignants de l’Islam « . Tout en énumérant les érudits de l’Islam originaires de Kabylie, le ministre a déclaré que » je salue le courage des gens de Kabylie qui assument leur appartenance au christianisme plutôt que la lâcheté des autres Algériens qui le font dans l’ombre. »
Par ailleurs, et en abordant le rôle de la mosquée, l’hôte de l’Unique a précisé que » la mosquée n’a jamais failli à sa vocation en redoublant d’efforts dans le domaine de l’orientation et de la sensibilisation aux préceptes de l’Islam ainsi que dans sa mission de mettre en garde contre les risques qui guettent la société, notamment les jeunes. » Néanmoins, le ministre a souligné qu’elle,- la mosquée- ne pourra assumer toute seule le rôle aussi délicat qu’est la sensibilisation et l’orientation dans un pays comme le nôtre « , et d’ajouter qu’en l’absence d’autres éléments comme la société civile, établissements scolaires, centres culturels…, la tâche sera rude. »
» 4800 mosquées sont en cours de réalisation, afin de renforcer les 14 000 mosquées existant à l’échelle nationale « , a révélé le ministre, en soulignant que son département a octroyé des aides aux comités chargés de la réalisation des mosquées un montant global « de 1 milliard de DA en 2007. »
A propos des prêches des imams dans les mosquées, le ministre des Affaires religieuses a déclaré que son département » ne s’immisce pas dans les prêches du vendredi « , de ce point, toute la liberté est assurée à l’imam en tant que » personne cultivée et consciente de ses responsabilités d’orientation religieuse de retenir les thèmes, et ce selon l’environnement où il évolue. »
Répondant à une question à propos des biens waqfs, M. Ghlamallah a affirmé que le nombre de ces biens s’élève à 5479 dont 1138 locaux commerciaux, 1059 terres agricoles et 2596 logements et autres.
Evoquant encore une fois la question de religion en Kabylie, l’invité de l’Unique a reconnu un manque flagrant d’imams dans cette région, en raison de » l’indisponibilité d’imams maîtrisant la langue amazighe. » toujours sur le même volet, il a indiqué » qu’en 2009, cette région sera couverte en nombre suffisant d’imams. »
Evoquant le fonds de la zakat, le ministre a précisé que l’administration n’est pas chargée de la gestion des fonds de la zakat, car il s’agit » d’argent collecté et distribué par les donneurs de la zakat « , insistant sur la nécessité de créer un office de la zakat pour assurer une bonne gestion économique de cet argent. Le ministre a nié, par ailleurs, la désignation d’un responsable à la tête de l’Office national du hadj et de la omra, soulignant cependant l’existence de plusieurs candidats pour occuper ce poste sans que la question ne soit tranchée.
Quant à l’institution du poste de mufti de la République, le ministre a dit que chaque wilaya a son conseil scientifique qui se charge des fatwas, outre l’imam de la mosquée apte à émettre des fatwas sur les questions quotidiennes et le recours parfois à la commission des fatwas au niveau du ministère, rappelant l’institution du poste d’imam mufti au niveau de chaque wilaya. Les travaux de réalisation de la mosquée d’Alger seront lancés début 2009, a annoncé le ministre. Il a précisé, par ailleurs qu’une commission d’experts et d’architectes algériens compétents a été installée et s’est réunie à trois reprises avec le bureau d’études allemand retenu à l’issue d’un avis d’appel d’offres pour la réalisation du plan de la Mosquée d’Alger en vue de lui proposer des modifications et des réaménagements de certains aspects du projet suite à l’esquisse présentée par ce même bureau. » Tous les aspects devant caractériser la Mosquée d’Alger ont été enfin dégagés, a ajouté le ministre, en relevant avoir demandé au bureau d’études allemand de finaliser le plan de la Mosquée d’Alger dans un délai de six mois pour permettre le lancement des travaux au début de l’année prochaine.”
Mohamed Mouloudj
Ghlamallah préfère le » hayak «
Questionné sur son choix vestimentaire féminin entre le hidjab et le hayak, le ministre a répondu qu’il a conseillé à sa fille de porter le hayak au lieu du hidjab. Les motivations d’une telle préférence sont historiques et sociologiques. Le hayak, tenue traditionnelle de la femme algérienne, a laissé place à une autre mode importée des pays arabes, notamment avec la montée de l’intégrisme islamique qu’est le hidjab. Le comportement islamiste est non seulement criminel dans son expression armée, mais il génère une négation systématique de notre personnalité avec le mode de vie étranger qu’il charrie avec ses restrictions de toutes sortes.
M.M.