Les victimes se retractent

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Une trentaine de citoyens de Tala Athmane, concernés par la promesse d’aide à l’autoconstruction formulée par leur élu local en mai 2005, se sont réunis hier à la salle des délibérations de la mairie de Tizi-Ouzou en vu de trouver une solution à une affaire qui dépasse, désormais, leur cadre restreint. Réunis autour d’un comité des sages du village et des associations locales, les concernés par les dossiers d’aide à l’autoconstruction ont étalé devant les représentants du maire et en présence de leur élu local leurs préoccupations et avis sur le sujet. Au terme de la réunion, 17 personnes concernées par cette affaire, sur la trentaine qui était présente au siège municipal, se sont déplacées vers notre bureau afin d’apporter un démenti à l’information que nous avons rapportée dans notre livraison d’avant-hier. Comme elles ont témoigné de leur solidarité envers leur élu qu’elles qualifient « d’homme intègre et honnête. » Selon leurs dires, l’élu local avait agi dans un but purement social.  » Il a négocié des tarifs avantageux avec l’expert foncier en vue de nous établir les documents nécessaires à l’obtention d’un certificat de possession que nous devrons joindre au dossier de demande d’aide à l’autoconstruction.  » Mais nos interlocuteurs se sont vite emportés contre nos questions, notamment sur celle ayant trait aux délais de remise des documents. Devant notre insistance à connaître leur réponse, certains disent qu’ils n’ont pas reçu les fameux documents, d’autres par contre affirment qu’ils les auraient reçus depuis longtemps. Contactée, une des personnes concernées par ce sujet, qui se dit être victime d’une arnaque du l’élu, nous confirme avoir reçu les document avant-hier à midi des mains d’une tierce personne.  » Hier à midi (avant-hier ndlr), ils ont ramené les documents que vous avez cités dans votre article de samedi. Se sont des documents datés de juillet 2005 qui m’ont été remis par une personne qui n’a rien à voir avec le sujet « , témoigne notre interlocuteur avant de nous préciser qu’il s’agit du cousin de l’élu, président de l’association sportive du village. Celle-là même qui conteste les faits rapportés dans nos colonnes samedi dernier. Le développement de cette affaire qui semble avoir gêné quelques citoyens du village Tala Athmane, renseigne sur un antécédent flou. D’aucuns s’interrogent d’ailleurs pourquoi les documents du géomètre n’ont été remis aux concernés qu’après que l’affaire se soit médiatisée et pourquoi les 17 signataires du démenti jurent par tous les saints que l’affaire a été surdimensionnée. Il faut rappeler que le sujet n’a été médiatisé qu’après que des citoyens concernés par cette même affaire avaient pris attache avec le maire de Tizi-Ouzou en vue de s’enquérir de l’état d’avancement de leurs dossiers, depuis quelques jours (voir notre édition de samedi dernier). Lors de notre entrevue avec le maire, M. Belhadj, mercredi dernier, celui-ci a reconnu que cette affaire l’embarrassait et qu’il s’est mis d’accord avec toutes les parties en vue de trouver une solution à l’amiable en présence des sages du village. Donc, si le maire a décidé de convoquer une ou plusieurs réunions de réconciliation entre les victimes et l’élu, ça dénote de la  » révolte  » des victimes qui découvrent que leurs dossiers n’existent même pas au bureau de la commission sociale chargée de ce type de dossiers. Ce sont d’ailleurs les deux élus. membres de cette commission qui en informeront le maire sur le sujet avant que celui-ci, voyant la coalition de son exécutif menacée par les proportions que prendrait une telle affaire, de réconcilier tout le monde.  » J’ai demandé à l’élu de rembourser ces gens à qui j’ai promis de régler leurs dossiers, » nous avoué le maire qui nous a reçu dans son bureau mercredi denier. « L’émissaire de l’élu qui m’a remis mes documents a reconnu qu’il y avait erreur de leur part, » poursuit notre interlocuteur que nous avons contacté pour connaître l’évolution de l’affaire. De quelle erreur s’agit-il ? Notre interlocuteur avoue ne pas savoir la nature de cette erreur sauf qu’elle vient de la bouche du cousin de l’élu. Mais ce qui parait plus plausible dans cette affaire, c’est que les victimes n’ont reçu leurs documents qu’après que la Dépêche de Kabylie l’ait médiatisé, car, à en croire l’expert foncier qui était chargé d’établir ces documents, ces derniers ont été remis à l’élu dès l’achèvement de son expertise, début 2006.

L’expert qui nous a reçu en son bureau hier après-midi, tout en témoignant de  » la bonne intention de l’élu et de son honnêteté « , se demande pourquoi les concernés n’ont reçu les documents que samedi dernier. « L’opération pour laquelle l’élu m’a chargé en mai 2005 a été achevée début 2006, date à laquelle j’ai tout remis au demandeur. Je vous avoue que je ne sais même pas s’il les a remis à temps ou pas. » Interrogé sur la légalité de remettre ce genre de documents personnels à une tierce personne, l’expert dira que ça se fait à condition que le récurrent soit consentant.

Censés être deposés à la mairie depuis 2005, il n’y a pourtant aucune trace de ces dossiers à l’APC

D’après les dires de cet expert foncier, l’élu aurait même payé de sa poche à la place des autres demandeurs, vu leur cas social.  » J’ai moi-même consenti des ristournes pour ceux qui ne pouvaient pas payer la totalité du service, pour cela, j’ai encaissé entre 3 000 et 4 000 dinars, selon les cas, pour un travail que je facture à 6 000 dinars et plus. Quant au retard dans la réception de ces documents par les demandeurs, ça renvoie, à mon avis, aux lenteurs bureaucratiques. » Mais la question qui reste posée est celle de savoir pour quel motif certains parmi les personnes concernées par les dossiers de demande d’aide à l’autoconstruction, notamment les 17 signataires du démenti, s’acharnent à nier l’existence d’anomalies dans cette affaire alors qu’elles ont été voir le maire la semaine passée, d’autant plus que l’édile communal reconnaît l’existence de cette affaire pour laquelle il nous a exprimé tout son embarras (voir sa déclaration dans notre livraison de samedi.)

M.A.T.

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