Le poète: cette hirondelle qui fait le printemps

Partager

l C’est avec les vers hallucinants d’Omar El Khayam que s’est clôturé « Le printemps des poètes », jeudi passé au Centre culturel français d’Alger. La manifestation, désormais traditionnelle de la scène culturelle algéroise, s’est vue, cette année, ornée du turban international. En effet, contrairement à l’accoutumée, ce ne furent pas que les Algériens qui sont venus enchanter le public mais aussi des étrangers: des Marocains, Syriens, Maltais, Catalans, Islandais et Slovènes. Chacun récitant dans sa langue maternelle, le public a été surpris d’apprécier une poésie à laquelle il ne comprenait rien sur le plan linguistique. Ce sont évidemment les facteurs de la voix, ses intonations, la manière de réciter le poème et la présence sur scène du poète qui ont donné un coup de baguette au spectacle, incitant ainsi le public à dépasser la compréhension directe des mots pour seulement les sentir et les éprouver. Plusieurs activités accompagnèrent l’événement classique: des montages scénographiques, des ateliers de traduction pour les poèmes étrangers, des rencontres littéraires, etc. Pour les montages scénographiques, on ne pouvait qu’apprécier la prestation des narrateurs dramatiques qui ont incarné sur scène, à l’aide d’une musique douce, l’âme du poète et ont su transmettre au public le tendre chuchotement d’une poésie universelle. C’était pour dire combien un poème peut-il être perçu par tous les sens et dans toutes les langues. Les équipes de traduction étaient composées de jeunes étudiants ayant une passion pour la poésie pour traduire les poètes d’expression arabe et étrangère vers la langue française. L’ambiance était on ne peut plus communautaire et on avait vite l’impression que ces poèmes découlent d’une source fraîche d’où tout passant, tout voyageur, tout vagabond pouvait étancher sa soif et poursuivre le treap. L’effet salvateur de la poésie n’a pas manqué son but et le public, quittant la salle, n’en demandait que plus. Un printemps qui dure cinq jours n’est-il pas plus beau, plus intense et plus vivant qu’un autre ravagé par la brume et le froid, ceux de l’esprit, qui dure trois mois? Cinq jours de poésie, ne sont-ils pas capables de raviver notre amour agonisant pour la beauté et pour l’art ? On aurait, évidemment, voulu voir plus de gens affluer au CCF, et surtout des gens de toutes les tranches de la société mais, l’éducation culturelle d’un peuple, est-ce le poète qui s’en charge?

S. H.

Partager