La célébration du double anniversaire du Printemps amazigh et du Printemps noir constitue une station historique pour rappeler le combat identitaire et démocratique mené par plusieurs générations de militants.
Cette année, cette commémoration intervient encore dans un contexte délétère, marqué par une instabilité sociale endémique, d’une part, et d’autre part, par une régression politique mise à profit par le système pour donner substance à des velléités de normalisation à la stalinienne ! En effet, vingt-huit ans après le Printemps berbère et sept longues années après les douloureux événements du Printemps noir, la problématique du non-respect des droits de l’Homme et de la démocratie demeure entière. Le constat de carence est plus qu’évident avec, entre autres, une presse sous contrôle, des journalistes harcelés, une langue amazighe maintenue toujours à l’état embryonnaire, une justice instrumentalisée, une corruption institutionnalisée et des droits socio-économiques qui renvoient à une situation des plus lamentables. Une situation dont rend compte suffisamment le paradoxe fatal qu’offre l’aggravation du phénomène des “harragas” au moment même où les réserves de change du pays ont atteint des niveaux inédits et où les recettes pétrolières n’ont jamais été aussi importantes. En fait, force est de constater que les conditions objectives et tous les germes de la crise ayant été à l’origine des tragiques événements du Printemps noir sont encore présents et les menaces d’une réédition bien réelles. Hélas, au lieu d’apporter des réponses justes et définitives, encore une fois c’est le traitement répressif qui semble être privilégié aussi bien à l’égard des contestations syndicales que des protestations citoyennes. A ce titre, le Mouvement citoyen, fidèle à ses principes fondateurs, dénonce toutes ces formes d’intimidation exercé à l’encontre de la société civile et exige la libération et l’acquittement de tous les jeunes récemment arrêtés ou poursuivis pour avoir exprimé leur colère légitime à travers des émeutes et des manifestations. Le Mouvement citoyen des aârchs, qui ne peut qu’exprimer et mettre en garde contre les risques incalculables de cette situation, tient encore une fois à interpeller le pouvoir politique, à sa tête le premier magistrat du pays, pour la relance du processus de mise en œuvre de la plate-forme d’El Kseur, seule alternative sérieuse susceptible de faire asseoir une véritable république démocratique et sociale et ainsi éviter au pays le chaos à répétition. Il est clair, ce faisant, que le blocage de ce processus salutaire, notamment par la consécration de l’impunité et le non-respect des engagements pris pour le jugement des auteurs et commanditaires des assassinats du Printemps noir, le statu quo imposé à la promotion de tamazight et à sa consécration en tant que langue officielle, la non-prise en compte des revendications sociopolitiques (allocation chômage, création d’emplois durables, lutte contre la corruption et la bureaucratie, séparation des pouvoirs et “libération” de la juste…), participe d’une politique de fuite en avant au bénéfice exclusif des tenants d’un régime mafieux et rentier.
Cela étant, en cette symbolique occasion, le Mouvement citoyen appelle la population à se ressourcer à travers la commémoration de ses glorieuses luttes pour des causes nobles et justes et à toujours faire montre d’une vigilance et d’une mobilisation à toutes épreuves.
D’autre part, le Mouvement tient à dénoncer la répression qui s’abat ces derniers temps sur les militants amazighs au Maroc, à exprimer toute sa solidarité à l’égard des détenus que le pouvoir marocain a incarcérés arbitrairement et exige la libération immédiate et inconditionnelle de ces innocents. Enfin, à la veille de ces dates phares du 18, 20 et 22 avril, le Mouvement citoyen des aârchs tient à rendre hommage à tous les militants des causes justes et à saluer la mémoire des valeureux martyrs du Printemps noir.
Ulac smah ulac
Le combat continue
