Vers un holding de l’eau

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En marge de la réunion qu’il a tenu hier avec les directeurs de l’hydraulique des 48 wilayas, le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal a présenté les grands axes du programme quinquennal 2005-2009 arrêté par son département pour améliorer la mobilisation de l’eau potable, le traitement des eaux usées et la modernisation de la gestion de l’eau.La réalisation des barrages et leurs transferts, le dessalement de l’eau de mer, l’épuration des eaux usées, l’introduction du concept du management de l’eau et de la gestion déléguée ainsi que la réorganisation interne et la filialisation des institutions relevant du ministère des Ressources en eau pour se diriger vers un holding de l’eau qui permettra à ce secteur de se mettre au diapason des avancées réalisées à ce jour sont essentiellement les points abordés par M.Sellal.

13 barrages à réaliser avant la fin 2009En effet, 13 barrages seront réceptionnés d’ici à 2009, 8 sont déjà en cours de réalisations et les 5 restants seront lancés avant la fin de l’année. Les appels d’offres nationaux et internationaux sont lancés pour trois barrages tandis que pour les deux autres, cela se fera dans 15 jours.Une quinzaine de grands transferts à l’image de celui du barrage de Taksebt, de Béni Haroun et de Mostaganem-Arzew-Oran (MAO) seront également réalisés dans ce programme, et les travaux de réalisation et du transfert des cinq barrages programmés seront lancés simultanément pour éviter les problèmes des retards accusés entre la réalisation du barrage et son transfert. L’appel d’offres du transfert du 2ème plus grand barrage du pays qui peut mobiliser jusqu’à 750 millions de m3 à l’horizon 2007, Koudiat Acerdoune dans la région de Zbarbar qui devrait alimenter toute la région du Nord des Hauts-Plateaux sera lancé le mois prochain et les travaux suivront immédiatement.Le dessalement et le traitement des eaux usées, l’alternative.En matière de dessalement de l’eau de mer qui est le nouveau défi à relever par les pouvoirs publics pour sécuriser l’alimentation en eau potable (AEP) des populations et développer les ressources non conventionnelles, l’Etat a mis le paquet pour la réalisation de 11 stations principalement dans la région Ouest pour la mobilisation de 450 millions de m3 par an avant 2009. Concernant le traitement des eaux usées, le ministre a affirmé qu’une cinquantaine de stations d’épuration de ces eaux entreront en fonction au cours de cette échéance pour réduire de 50% le rejet des eaux usées en mer qui est actuellement de 750 millions m3. Les eaux usées épurées serviront soit pour la recharge de la nappe phréatique, soit pour les besoins d’irrigation dans le secteur agricole et arboricole notamment. L’utilisation de cette eau à titre gratuit dans une première phase, sera ensuite accordée en concession dans le cadre de l’emploi de jeunes biologistes et techniciens.

Gestion des réseaux, la problématique à résoudreSi la mobilisation de l’eau potable et l’épuration des eaux usées sont en partie maîtrisées en raison de la détermination des pouvoirs publics qui se sont donnés les moyens afin de régler définitivement les problèmes liés à cette question, il n’en demeure pas moins que le gros morceau qui continue à susciter l’inquiétude de tous les intervenants dans le secteur de l’eau et auquel l’Etat doit s’attaquer dans les meilleurs délais est le management et la gestion de l’eau. L’absence de réseaux modernes de distribution, des études dans ce domaine et du personnel qualifié formé dans les nouvelles technologies de gestion ajoutés au réflexe du mauvais consommateur qui caractérise l’Algérien posent un véritable problème. La gestion déléguée accordée à des entreprises étrangères pour la réhabilitation des réseaux de distribution, et qui assureront en parallèle le transfert du savoir-faire et de la technologie et la formation du personnel ainsi que la création d’une spécialité de gestion des réseaux au niveau des universités contribueront à coup sûr de cerner progressivement cette problématique.Pour illustrer cette affaire, le premier responsable du secteur de l’eau citera l’exemple d’Alger dont le réseau ne fonctionne qu’à 43%. Il dira que ce réseau enregistre 20% de pertes physiques, ce qui est parfaitement acceptable dans tous les pays du monde, 20% de pertes dues aux fuites et aux branchements illicites et 17% de pertes commerciales causées par les clients qui ne paient pas leurs factures à l’Algérienne des Eaux (ADE).Toujours sur cette lancée, M.Sellal fera savoir que ce programme quinquennal comporte la réhabilitation et la rénovation des réseaux de distribution de 27 villes et l’amélioration des performances de gestion des établissements à travers la diminution des pertes physiques et l’accroissement des niveaux de recouvrement par la généralisation de comptage.

Gare aux mauvais payeurs !Le ministre des Ressources en eau était très clair et n’est pas allé par trente-six chemins pour fustiger les mauvais clients et les industriels qui ne payent pas les redevances pour la réalisation de forages individuels ou qui procèdent carrément aux branchements illicites. Il a insisté sur les Agences de bassins hydrographiques (ABH) pour qu’elles se mobilisent pour la récupération des redevances qui causent des pertes considérables à l’ADE et au secteur de l’eau. Il notera que son département est prêt à recourir à la force publique pour aller devant les tribunaux et appliquer la loi et que l’Etat qui soutient le différentiel entre le coût réel et le prix de vente de l’eau a besoin de ces redevances pour renflouer ses caisses et récupérer son dû engrangé par  » les rentiers du système  » qui profitent du laxisme de certains et de l’incompétence des autres.C’est pourquoi, l’élargissement de la base de recouvrement à travers l’identification des usagers non branchés sur réseaux et la mise en place par les ABH d’un dispositif de recouvrement est inscrit à l’ordre du jour de ce programme d’action.Se diriger vers la filialisation des institutions de l’eauSur les plans des réformes institutionnelles, l’accent sera mis sur la protection du domaine public hydraulique et l’ouverture vers le partenariat par la mise en place des SPA et la formalisation des contrats de gestions délégués au profit des wilayas dont le renforcement de l’AEP se fera à partir des unités de dessalement d’eau de mer.Pour assurer une meilleure efficacité, deux filiales seront créées au niveau de l’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) devenue une EPIC. L’une se penchera sur le dragage des barrages et l’autre prendra en charge la gestion des transferts et la conception et la réalisation des canalisations en partenariat avec une entreprise étrangère.L’Algérienne des Eaux passera à son tour à la phase de la gestion déléguée à travers la création de Sociétés par actions. Dans un premier lieu, l’ONA et l’ADE en association avec la société française La Suez assurera la distribution de l’eau au niveau de la capitale. A partir du mois d’octobre, des consultations internationales seront lancées pour la gestion déléguée des wilayas d’Oran, d’Annaba et de Constantine et dès janvier prochain, le procédé sera élargi aux autres wilayas qui comptent des unités de dessalement.

H. Hayet

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