Les réalisateurs du grand écran ayant signé des films dans ce créneau ont été invités et ont animé des conférences sur diverses approches et écoles du cinéma révolutionnaire. Plusieurs films ont été projetés et les grands noms du cinéma révolutionnaire ont été présents: Ahmed Rachedi, Mohammed Hazourli et Sakhri. La présence du grand réalisateur français qui accompagna la révolution, la caméra au poing et qui, pour cause, fut longtemps interdit de la télévision française: René Gautier a été vainement attendu, Gautier étant hospitalisé en France. Mais l’hommage qui lui est dû, c’était Ahssen Osmani qui s’en chargea avec son documentaire émouvant sur la vie du grand militant de la liberté. Les deux réalisateurs disparus: Mohammed Bouamari et Gillo Pontecorvo ont, eux aussi, bénéficié d’un vibrant hommage lors de la troisième journée.
La Direction de la culture de la wilaya de Tébessa a, relativement, réussi son pari sur le plan organisation et richesse du programme. Tébessa a été, depuis toujours, affectionnée par ces réalisateurs venus dire leur mot sur la liberté, l’anticolonialisme et le droit des peuples à choisir leurs destins.
Le valeureux René Vautier, le premier français qui a soutenu la Révolution algérienne avec sa caméra et son militantisme pour la liberté et la souveraineté des peuples, n’ayant pu assister à la manifestation, a été, toutefois, présent lors de ces journées de mémoire grâce au documentaire réalisé par Ahcène Osmani. La vie du vaillant combattant de l’écran a été savamment retracée et sa lutte aux côtés des révolutionnaires lui a dépeint un visage de héros qui, quoiqu’il ne prît jamais les armes, participa à la lutte grâce à sa caméra, ses films poignants sur la guerre en Algérie et son soutien inconditionnel pour toutes les causes justes. Français, il n’a jugé ni diminuant ni antipatriotique de clamer haut et fort les vérités sur une barbarie colonisatrice, antinomique aux principes de la République française. Cette prise de position radicale et incorruptible lui a valu, longtemps, le courroux et la persécution des autorités françaises. Considéré par les Algériens comme ami du peuple et par le pouvoir français comme ennemi de l’Etat, René Vautier a toujours assumé ses positions malgré la censure, la persécution et la lapidation dont il fut victime… pour « délit de vérité »!
Les journées cinématographiques de Tébessa n’ont pas oublié l’homme de paix et de courage qui, malgré son absence et sa maladie, restera toujours le symbole d’un cinéma engagé, un art qui se nourrit de principes et d’idéaux, une caméra à l’œil d’aigle qui ne craint pas la vérité ni ne se soumet à la sinistre logique des muselières.
Sarah Haidar