Certainement pas.Bien des facteurs connus de tous ont plongé cette région dans ce labyrinthe de régression, d’agression, de criminalité et de la prolifération de bien d’autres maux sociaux, qui empoisonnent la quiétude des habitants.Bien avant, Ouaguenoun était connue pour sa quiétude et particulièrement la qualité d’hospitalité et de pacifisme dont jouit sa population.Il était rare là où on nous signalait des agressions ou des dépassements. Les différends entre citoyens se réglaient toujours à l’amiable et dans la sagesse. Depuis ces dernières années Ouaguenoun, commençait à perdre ses qualités. Son image d’un regroupement de villages bien organisés s’estompe pour laisser place à des cités sans règne, où parfois c’est la loi du plus fort qui l’emporte “chez nous malheureusement, il faut toujours avoir une famille solide et des groupes d’amis prêts à vous venir au secours, sinon il ne faut pas trop s’aventurer en dehors de chez-soi”, nous dit avec amertume Amar, un jeune de 26 ans, habitant la région.Amar nous avoue avoir enclenché une bagarre générale entre son groupe et un autre groupe de jeunes d’un village limitrophe, il y a de cela quelques mois.La source du mal, comme tenait à nous l’expliquer un autre habitant “vient des proportions atteintes par la prolifération de la vente des produits alcoolisés et du trafic de drogue”. Notre interlocuteur qualifie ces deux phénomènes de nids nuisibles, qui font naître tous les maux dont les populations sont victimes.En effet, profitant de l’absence de l’Etat, et de la démobilisation des villages, plusieurs personnes se sont adonnées au commerce illégal d’alcool. Des baraques de fortunes, des hangars, des dépôts de vin ont été illégalement érigés en bar.L’alcool se vend même dans les cafés de plusieurs villages.A cela, s’ajoute le phénomène de la prostitution qui a envahi les localités limitrophes, à l’exemple de la zone industrielle de Tala Athmane et sans oublier de citer le phénomène de toxicomanie qui gangrène des pans entiers des jeunes, victimes d’une malvie endémique.Ces ingrédients ont été suffisants pour donner naissance au banditisme, à la délinquance et instaurer une culture de violence et d’agression dans le quotidien de cette cité. En une semaine, l’on nous signale pas moins de quatre agressions à l’arme blanche qui ont eu lieu à Tikobain et dans ses environs. “Ici, c’est le “far west” la moindre prise de bec, peut se transformer en bagarre générale”, nous dit Hakmi, un jeune de 25 ans.La première agression a eu lieu dans un dépôt transformé en un bar clandestin. L’homme agressé est âgé de 35 ans environ. L’affaire ne s’est pas limitée à ce niveau, elle a failli se transformer en bataille rangée entre deux familles. Dans la même semaine un autre jeune a été poignardé aux environs du CEM nouveau à la sortie nord de Tikobain. Il a été agressé par trois jeunes, suite à des provocations éructées contre l’un de leur proche nous informe-t-on. Un autre citoyen a été lui aussi victime d’une autre agression. Il a été atteint par un bloc en béton en pleine figure. Enfin, un autre jeune a été agressé avec un couteau et a eu son oreille arrachée, nous a-t-on informé. Les victimes sont pour la plupart toujours hospitalisées, quant aux agresseurs, ils sont rarement punis, vu l’absence de l’Etat, et c’est ainsi que la région s’engouffre dans une chaîne d’agressions, suivie de vengeances et de bagarres entre groupes de jeunes ou entre familles.Il y a près de trois semaines, durant la nuit, nous signale-t-on, un groupe de trois frères, dont l’un d’eux avait un différend avec un propriétaire d’un bar qui a récemment ouvert ses portes, sont entrés dans ce local, s’ensuivit une scène digne des films de Hollywood. Le propriétaire a été sauvagement abattu et son commerce totalement saccagé. Cela sans oublier de préciser que même l’activité du bar est exercée illégalement.Parfois, des voyous, des bandits se comportent comme des héros. Dans cette localité livrée à elle-même, être un bagarreur ou un bon manipulateur d’un couteau est une qualité.
L’absence des services de sécuritéDepuis le départ des deux brigades de gendarmerie de Makouda et de Boudjima, c’est toute une région de près de 7 communes qui s’est trouvée sans sécurité.Tout ce vaste territoire est rattaché au seul commissariat de Tigzirt. “Nous sommes dépassés par le nombre des actes qu’on enregistre quotidiennement à travers notre zone”, nous dit un officier de police à Tigzirt et de confirmer “la région de Ouaguenoun reste celle où on recense le plus de criminalité et d’agressions”.Le soir, les magasins ferment tôt, les propriétaires n’oublient pas de bien fermer leur boutique ou de monter la garde à l’intérieur, de peur d’avoir la visite des voleurs. Les habitants aussi ne s’aventurent pas la nuit. Kamel possède un magasin à Tikobain. En nous parlant de l’insécurité qui règne dans cette station, particulièrement dans les nuits sombres de l’hiver, il nous montre à la lisière de son comptoir, une stigmate d’un coup de hache porté par des bandits qui l’ont visite un soir et qui l’ont obligé à leur remettre sa recette. “Depuis, je ferme tôt, malgré que l’important de mon chiffre d’affaires je le réalise le soir”, nous dit Kamel.Dans les villages, les habitants assistent impuissants à des crimes qui ont eu lieu dans les familles et dont la cause reste l’alcool et la drogue.“Il y a des femmes qui ont assassiné leur maris, des pères qui ont assassiné leurs propres enfants, des crimes entre frères etc”, nous dit tristement Rabah, un habitant de la région.Il y a quelques années, suite à un crime crapuleux et horrible perpétré contre un jeune de Boudjima, les services de sécurité de la wilaya ont arrêté un groupe d’une vingtaine de gangsters qui activaient en toute impunité. Il opéraient principalement dans la région. La pègre dresse des faux barrages, vole des véhicules, stockage et trafic illégal d’armes à feu, vente de drogue trafic de billets de banque etc, telles sont les charges retenues contre ce réseau de bandits.Les lenteurs mises par les pouvoirs pour installer des structures de sécurité dans cette région sont mal perçues par les citoyens. “Bien sûr, l’Etat nous laisse exprès livrés à nous-même. Elle veut nous sanctionner, car nous avons chassé les brigades de gendarmerie de nos localités”, nous dit un citoyen d’une cinquantaine d’années.L’installation des brigades de sûreté a été mainte fois annoncée, mais elle n’a jamais eu lieu. La dernière nouvelle, nous parvient des autorités locales de la localité qui nous informent qu’il y’aura l’installation d’une sûreté de daïra avant la fin de l’année en cours. Tout en espérant à ce que la promesse sera observée, les habitants de la région continuent de subir les affres de l’insécurité au quotidien dans leur cité, qui ressemble plus à une jungle dans une République.
M.H.