Plusieurs centaines d’enseignants, de cadres et de stagiaires du secteur de la formation professionnelle ont battu le pavé, hier, dans la ville de Bouira, afin de réclamer un changement politique radical.
Les marcheurs qui ont entamé leur action dès 9h du matin, à partir du CFPA de Draâ El-Bordj sur les hauteurs de la ville de Bouira, ont aussi scandé des slogans hostiles au pouvoir politique en place, à l’image de «Pouvoir assassin», «Pour une deuxième République», «Dégagez tous…», et aussi «Le peuple vaincra».
Les marcheurs ont marqué une halte devant le siège de la direction de la formation professionnelle de la wilaya, avant de revenir via le boulevard principal de la ville et terminer leur marche au niveau de la place de la maison de la culture de Bouira, où ils ont tenu un rassemblement.
Les protestataires ont assuré avoir rejoint le mouvement de protestation du peuple algérien depuis le 22 février, et affirment qu’ils rejettent «la feuille de route proposée par le président de la République pour une transition démocratique», car, selon ces protestataires, «les démarches politiques proposées sont anticonstitutionnelle». «Le président de la République a annulé les élections présidentielles sans la moindre justification réglementaire.
Nous adhérons entièrement à la revendication populaire pour la refonte du système politique, notamment à travers l’instauration d’un État de droit et d’une assemblée constituante souveraine, qui sera chargée d’établir une nouvelle constitution démocratique», dira un enseignant interrogé hier. Selon notre interlocuteur, le secteur de la formation professionnelle à Bouira a respecté le mot d’ordre de la grève générale, lancé la semaine dernière.
À noter, enfin, que les marcheurs se sont dispersés vers 11h et aucun incident n’a été enregistré. La marche s’est déroulée globalement dans le calme et dans une bonne organisation et cohésion entre les stagiaires et leurs enseignants et encadreurs.
Des imams proposent leur médiation
Au cours de la même journée, une deuxième marche a été signalée hier dans la ville de Bouira. Il s’agit, pour cette fois, d’une vingtaine d’imams et de responsables de mosquées de la wilaya qui se sont aussi mobilisés pour afficher leur soutien au mouvement de protestation pacifiste du peuple algérien.
Selon les représentants du syndicat autonome des imams présents hier lors de cette marche, les imams des mosquées peuvent former une médiation entre la population et le pouvoir politique, et ce afin de faire sortir le pays de cette crise : «Nous soutenons les revendications et aspirations légitimes du peuple algérien et nous appelons les décideurs à répondre favorablement à certaines revendications» ont-ils assuré.
Interrogés sur les directives du ministère des Affaires religieuses qui font impliquer les mosquées dans les affaires politiques, nos interlocuteurs ont assuré que les imams, notamment à travers les prêches de vendredi, ont uniquement invité les manifestants à éviter toute forme de violence : «Les directives du ministère des Affaires religieuses sont claires.
Il s’agit d’appels à la paix et pour éviter les violences. Actuellement, le pays est traversé par une crise politique compliquée qui nécessite l’implication de toutes les composantes du pays. Et jusqu’à maintenant, les Algériens donnent au monde une leçon de conscience, de pacifisme et de civisme. Nous, en tant qu’imams, pouvons former une médiation pour faire sortir le pays de cette crise», ont-ils aussi précisé.
Les imams marcheurs qui ont défilé avec des pancartes et des drapeaux nationaux, ont lancé leur marche à partir du siège de la direction des affaires religieuses et ont traversé plusieurs rues de la ville de Bouira, en arrivant jusqu’à la placette de la maison de la culture, avant de se disperser dans le calme.
À noter, enfin, que la majorité des lycées et des CEM de la ville de Bouira étaient paralysés, hier, par une grève des élèves qui ont refusé de rejoindre les bancs des écoles. Un rassemblement a été également organisé par les fonctionnaires de l’APC d’Ath Mansour (à l’Est du chef-lieu de la wilaya de Bouira), pour réclamer aussi un changement radical du système politique du pays.
Oussama Khitouche