(5e partie et fin)
Trop heureux de mettre fin, enfin à leur litige, les deux irréductibles antagonistes acceptent la proposition.Ils dévalent la colline pour se mettre en place près d’un olivier solitaire qui leur sert de repaire. Avant qu’ils n’arrivent à l’endroit indiqué, le jeune chasseur se coiffe de la chéchia, prend les deux bâtons et dévale en toute hâte l’autre versant de la colline. Hâte inutile car désormais, il est devenu invisible, personne ne peut le voir. Il traverse ainsi sans encombre, la contrée des terrible femmes anthropophages. Il visite les habitations une à une et finit par trouver celle où se trouvent sa femme et son fils. Il entre et s’assoit à côté d’elle. Dès qu’il se décoiffe, il se transforme en homme. En reconnaissant son mari, elle pousse un cri étouffé. Consciente du danger elle lui dit : “-Pars vite d’ici, si mes sœurs te découvrent, elles vont te dévorer. Pour elles tous les hommes sont des ennemis !-Je suis venu vous chercher, si je pars sans vous, vaut mieux me faire dévorer !”Comprenant que son mari était obstiné, elle le cache dans un réduit. Mal lui en prit, dès qu’une de ses sœurs rentre, elle hume l’air et dit : “-Thella rih’a b-argaz d’agiAk’soum is ilha i outchi !(Je sens l’odeur d’un mâle, sa chair est bonne à manger, elle ne nous fera pas de mal !).”Elle ameute ses sœurs et toutes les femmes du hameau qui accourent à la curée. En quelques instants, la demeure est encerclée. Le mari sa femme et son fils tentent de fuir mais en vain. Ils sont vite rattrapés par la horde sauvage. Devenir invisible ne lui est plus d’aucun secours, car, si lui peut devenir invisible, sa femme et sont fils demeurent toujours visibles.Mais il lui reste les bâtons magiques. Dès qu’il est sur le point d’être capturé, il frotte les bâtons entre eux, et aussitôt par magie, sortent de terre des soldats armés qui se mettent à son service et combattent les terrible femmes. Fuyant la zone des combats le petit trio s’engage dans les bois, les plaines les monts et finit par arriver en fin de journée à la demeure de ses sœurs qui les accueillent à bras ouverts. Depuis ces terribles moments, la famille élargie reste soudée. Le jeune chasseur va chez sa mère ou la ramène chez ses sœurs adoptives. Il vécurent tous heureux et unis jusqu’à la fin de leur vie.«Our kefount eth h’oudjay inou our kefoun ir den ts emz’ine as n-elaid an en etch ak’ soum ts h’emz’ ine ama n g’a thiouenz’ iz’ ine.»(Mes contes ne se terminent comme ne se terminent l’orge et le blé. Le jour de l’Aïd, nous mangerons de la viande et des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).
Benrejdel Lounes
