“L’UGTA est un syndicat de patrons et de bachaghas”

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Près de 300 représentants syndicaux ont répondu à l’appel de l’Union locale UGTA d’Amizour en se rassemblant devant le siège de l’Union de wilaya où, curieusement, aucun responsable n’était présent pour les recevoir. Cet état de fait encouragera les syndicalistes, solidaires avec leurs trois camarades suspendus, à croire encore plus en la justesse de leur cause.

Boualem Chouali, SG de l’Union locale d’Amizour dénoncera avec force le mensonge avancé par l’Union de wilaya consistant en l’appel du SG de l’UGTA à une réunion à Alger alors que, selon Boualem Chouali, Sidi Saïd serait, au moment du rassemblement de Béjaïa, dans… un avion pour l’étranger! Rappelons que lors de la conférence de presse qui a eu lieu au siège de l’Union de wilaya le 20 mai 2008, Fatah Boubalou avait déclaré que les propos de Boualem Chouali, SG de l’Union locale d’Amizour n’engagent que sa propre personne. Or, pas moins de 300 représentants syndicats ont répondu, hier, à son appel.

Pour revenir au rassemblement qui a eu lieu hier devant le siège de l’Union de wilaya, Boualem Chouali, SG de l’Union locale d’Amizour, commencera par dire que la date choisie coïncide avec la commémoration du 15ème anniversaire de l’assassinat de Tahar Djaout, celui-là même qui disait: “Si tu parles, tu meurs, si tu te tais, tu meurs, alors parle et meurs.”

C’est pour cela que Boualem Chouali dira qu’il ne faudra, en aucun cas, se taire devant l’injustice avant de demander une minute de silence à la mémoire des martyrs de la démocratie.

La curieuse absence des responsables de l’Union de wilaya UGTA de Béjaïa n’a, en rien, altéré le moral des protestataires. Bien au contraire, après que l’orateur ait mis en évidence “leur incapacité d’affronter les syndicalistes,” les présents ont confirmé la justesse de leur solidarité avec les trois syndicalistes suspendus, Mohamed Mazi, Malek Bekhouche et Tarik Aidli. Boualem Chouali ironisera en déclarant que c’est bien “ la première fois que tout le secrétariat de l’Union de wilaya est en mission…à Alger!.” Le SG de l’Union locale d’Amizour ajoutera : “Nous n’avons aucun compte à régler, ni avec les cadres, ni avec les instances de l’UGTA.” Toutefois, Boualem Chouali martèlera que le syndicat est un moyen de pression dans la lutte. C’est pour cela, qu’avec la situation catastrophique actuelle du monde du travail, privatisations, érosion du pouvoir d’achat, inflation, injustices, il faudra au moins, garder les acquis arrachés après des années de lutte. Ce que, justement, reproche Boualem Chouali aux responsables de l’Union de wilaya, c’est qu’ils ont “créé” un problème au lieu de “régler” les vrais. C’est pour cela qu’il dénoncera avec force le SG de l’UW-UGTA et son équipe. Evoquant la suspension des trois congressistes, le SG de l’Union locale d’Amizour dira : “Ils n’ont fait que donner leur opinion durant le congrès et, à aucun moment, ils n’ont engagé la délégation de Béjaïa.” Il terminera en déclarant que cette injustice est malsaine et que le syndicat doit être entre les mains de travailleurs. Concluant par un : “Basta aux trafics,” Boualem Chouali assurera que leur combat est juste et qu’il aboutira.

Ensuite, les trois syndicalistes suspendus, visiblement émus par tant de solidarité vu le monde impressionnant de présents au rassemblement, se ralayeront à la prise de parole. Le premier, Mahmoud Mazi, affirmera qu’il a été au congrès du l’UGTA pour représenter une base. Dès son retour, une conférence de daïra (Amizour) a eu lieu et un compte-rendu a été fait. La base qui l’a mandaté a salué sa position. Concernant le reproche qui lui a été fait, à savoir qu’il aurait engagé la délégation de Béjaïa lorsqu’il a quitté le congrès, il dira: ”Je les défie de nous montrer un seul article de presse où il est question de l’engagement, de notre part, de la délégation de Béjaïa.

Nous avions quitté le congrès à cinq et nous avons parlé aux journalistes à titre individuel.” Ensuite, M. Mazi dénoncera les “magouilles” de l’Union de wilaya en taxant les syndicalistes ayant “témoigné” lors de la conférence de presse du 20 mai 2008 de syndicalistes “taïwan” que le Tout-Amizour connaît. Il ajoutera qu’il ne leur a même pas été laissé le temps de s’expliquer. Quant au fait qu’il leur soit reproché d’avoir parlé à la presse, M. Mazi le qualifiera d’atteinte à la liberté d’expression. De son côté Malek Bekhouche dira que le SETE-WB, dont il était le SG, est un syndicat démocratique et revendicatif. Il a servi d’exemple aux autres wilayas. Mais, cela a dérangé le pouvoir central qui a réussi à le briser. Ensuite, Malek Bekhouche tirera à boulets rouges sur le membre de la FNTE, Abdelouaheb Khoulalène, en commençant par dire :”Les gens changent, le statut de “star syndicale” n’existe pas!” avant de rappeler certaines positions que ce fédéral avait prises dans un passé récent. “Le fédéral a réussi à faire un coup d’Etat sans armée aux travailleurs de Béjaïa.”

Malek Bekhouche rappellera que Abdelouahab Khoulalène avait condamné le mouvement de grève de 2003 et avait appelé sur les ondes des radios, Chaînes 1,2 et 3, à la reprise du travail. Tout récemment encore, il aurait déclaré que la grève du 25 novembre 2007 était manipulée. Concernant sa suspension et celle de ses deux camarades, Malek Bekhouche affirmera qu’au début, il était le seul à avoir été suspendu. Ce n’est qu’après le refus de Mahmoud Mezi et Tarik Aidli de se désolidariser de lui qu’ils ont été suspendus à leur tour. On apprend que Abdelouahab Khoulaline se serait comporté en patron puisqu’il leur aurait dit “ Lâchez Bekhouche et “je” vous épargnerai”. L’ancien SG du SETE-WB terminera en déclarant à propos du congrès de l’UGTA : “ Nous avons donné notre opinion. C’étaient les ministres qui avaient plus parlé que les syndicalistes” avant de confirmer que, lui aussi, n’avait, à aucun moment, engagé le délégation de Béjaïa.

Le troisième syndicaliste suspendu, Tarik Aidli, a, comme ses camarades, remercié les protestataires venus en masse hier au rassemblement en disant notamment : “Votre présence prouve qu’il reste aujourd’hui encore des syndicalistes qui luttent au sein de l’UGTA”. Il ajoutera que l’UGTA est devenue un syndicat de “Patrons”.

Tarik Aidli rappellera qu’en 1991, il avait déclaré que l’UGTA était un “appareil bureaucratique” et que seule sa base lutte pour les droits des travailleurs, sans pour autant être supendu. Il terminera en dénonçant avec force le premier responsable de l’Union de wilaya UGTA de Béjaïa pour ses agissements.

Le rassemblement des 300 représentants syndicaux devant le siège de l’Union de wilaya, qui a été une bonne leçon de solidarité a été clôturé par le SG de l’Union locale d’Amizour, Boualem Chouali, qui a repris la parole pour remercier ses camarades d’avoir répondu à l’appel de solidarité avec les trois syndicalistes supendus promettant que “ La prochaine fois, nous serons plus nombreux», avant de lancer : “ Khoulalène est atteint d’une maladie neuve : “ La frustration parlementaire !”.

Depuis qu’il n’a pas été élu député il en veut à tout le monde. J’appelle les syndicalistes à le prendre en charge. Il est réellement malade.”

Enfin, notons les pancartes brandies par les représentants syndicaux, sur lesquelles on pouvait lire : “Nous exigons la réhabilitation des syndicalistes suspendus», “ Le temps des Bachaghas est révolu” et “ Non à la privatisation des entreprises”

Tarik Amirouchène

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