Le procès intenté contre Habiba, la musulmane convertie au christianisme, se tiendra aujourd’hui au tribunal de Tiaret. Accusée de pratique religieuse autre que l’Islam et prise en flagrant délit de possession d’un exemplaire de la Bible, cette Algérienne de 37 ans comparaîtra aujourd’hui pour répondre de ces faits reprochés. Si le verdict venait à confirmer la peine de réclusion requise par le ministère public, cela soulèverait inévitablement un vent de réactions en Algérie d’abord et à l’étranger ensuite.
D’ailleurs, Paris suit de très près le développement de cette affaire, Rama Yade secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, n’a pas tardé à se prononcer, en demandant au tribunal de faire preuve de “clémence” ; elle citera la tolérance du peuple algérien et dira que le christianisme ne présente aucun danger pour l’Islam en Algérie. Avançant des chiffres, les chrétiens d’Algérie ne représenteraient que 1% de la population, il y aurait 11 500 chrétiens en Algérie soutenant pour 32 églises, une façon de démontrer par cette statistique l’absence de menace religieuse. Rama Yade rappelle au passage la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui proclame la liberté de pensée, de conscience et de culte.
Les chrétiens de Tizi-Ouzou, par la voix du pasteur Tarik, se déclarent fortement solidaires avec Habiba, et considèrent ce qui vient de se passer comme une provocation et une intimidation de plus contre eux qui épousent d’autres religions. Ils citent le cas de Djallal d’Annaba, condamné pour le même motif à une année de prison ferme avant d’être acquitté.
Les 19 églises de la wilaya de Tizi-Ouzou- 1 000 chrétiens pour seulement le chef-lieu de wilaya avec deux églises- sont déterminés à manifester leur plein soutien à celle qu’ils considèrent comme leur sœur. Cet acte arbitraire selon eux, s’ajoute à la radiation de leurs fonctions de deux directeurs d’école à Aït Bouaddou, deux autres aux Ouadhias, et un autre en attente du verdict à Beni Douala. Le procès de Habiba qui se tient aujourd’hui au tribunal de Tiaret n’est guère un cas isolé, il relancera la polémique et suscitera un débat de fond sur la pratique religieuse en Algérie. Le ministère de l’Interieur, dans l’une de ses déclarations, a rappelé que les lois de la République sont claires là-dessus.
Khaled Zahem
