Chef-lieu communal sans imam

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De mémoire de villageois, l’imam a toujours fait partie du décor. Il est le premier citoyen auquel on fait appel pour les besoins religieux et l’on ne saurait se passer de ses services lors des cérémonies religieuses, des mariages, des enterrements, des circoncisions, des réunions, du règlement des différends et nous en passons.

Il est le personnage incontournable de la société. Chaque village a “son imam” auquel tous les citoyens vouent un respect profond et… religieux.

Durant les années de la colonisation, alors que l’imam n’était pas “en odeur de sainteté” auprès des autorités d’occupation, le village de Souama s’est assuré, avec ses propres fonds, les services d’un imam que chacun protégeait du mieux qu’il pouvait, sachant que chacun ne pouvait se protéger soi-même contre les exactions de la soldatesque. Pourtant, le village a construit pour son imam un logement alimenté en eau potable directement à partir d’une source et relié au réseau électrique.

L’imam de Souama a bénéficié d’une mutation. Depuis huit mois, le village a dû se débrouiller et faire appel aux bonnes volontés pour que les prières, les cérémonies, les mariages, les enterrements soient célébrés selon les rituels de la religion. Les membres du Comité du village se sont déplacés aux bureaux régionaux des affaires religieuses, des promesses leur ont été données mais un imam n’est toujours pas affecté au poste vacant.

Les citoyens se disent préoccupés par cette carence. Faudra-t-il qu’ils se présentent dans le bureau de l’inspecteur régional, tous ensemble, du plus âgé au plus jeune des cinq mille âmes qui résident dans ce village pour que leur doléance soit satisfaite.

Ou bien, pour ceux qui refusent de se passer de la “Fatiha”, leur faudra-t-il attendre l’affectation d’un imam pour convoler en justes noces ? Il faudra bien considérer que si les futurs mariés peuvent attendre, les défunts ne le feront pas ! Il faudra bien les enterrer et il faut, impérativement, dans le respect de la religion et des traditions, qu’un imam officie ! La tutelle devra apporter la solution qui s’impose et dans les plus brefs délais.

Les choses religieuses ne pouvant souffrir d’un quelconque retard.

Sofiane Mecherri

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