Organisé par « Sora Production », l’Office de promotion culturelle d’Alger et l’ambassade de France, le Festival du film francophone à Alger, s’est étalé du 9 au 12 juin. A l’ouverture, la projection de Bamako, au cinéma l’Algéria: l’histoire du procès fictif d’un crime contre l’humanité commis par les institutions financières mondiales envers des pays du Sud, notamment le continent africain. Le réalisateur, Abderrahmane Sissako, démontre dans ce film, qu’il existe bien des crimes légitimes, accrédités même par la communauté mondiale. L’injustice avec laquelle le camp-Nord annihile et dépouille le « petit » camp-Sud est savamment mis en évidence dans cette œuvre. A l’affiche, le même jour, La graine et le mulet de Abdelatif Kechiche, prix d’interprétation à la Mostra de Venise et quatre autres prix au César: l’histoire d’un ouvrier maghrébin (joué par Habib Boularès) dont la soixantaine bien entamée ne supporte plus de trimer au chantier naval du port de Sète. L’ouvrier las et se sentant inutile rêve d’un projet de restaurant qui a tous les paramètres d’un projet impossible mais le soutien de sa famille qui se ressoude autour de ce grand rêve d’une vie meilleure lui redonne espoir. Kechiche a tourné cette histoire avec son propre style qui se veut novateur, celui d’un réalisateur qui veut rompre avec le classicisme ambiant et les idées reçues.
Le festival, remarquable symbiose entre films africains, européens et canadiens, est une palette riche en couleurs, en nuances et en reflets qui offre au public cinéphile algérien l’occasion de découvrir la nouvelle tendance cinématographique dans les pays francophones et surtout de renouer avec un art qu’on a failli croire devenu impopulaire ou incompréhensible dans notre pays.
Ainsi, on pourra à la fois découvrir et apprécier ce qui se fait sur l’autre rive de la Méditerranée mais aussi dans les pays voisins, tels le Maroc et la Tunisie.
Le film La Môme, Oscar du meilleur rôle féminin, a été également projeté le 11 juin à 15h: La vie de la grande et incomparable Edith Piaf, épopée à ne pas rater, a fait le bonheur du public. Le Liban est aussi présent avec le film Beyrouth : histoire de quatre adolescents insouciants sur fond de guerre civile. Bougie, Sétif, Oran et enfin Alger, on peut dire que c’est la fête du cinéma en Algérie. Le 7ème art a plus que jamais besoin de telles festivités pour retrouver sa place dans le quotidien fade du public algérien.
Sarah Haidar
