DÉCLARATION

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La Kabylie se remémore en ce 7eme anniversaire de la marche historique noire, la formidable mobilisation de la région contre la répression de la dictature et de la mafia et pour la liberté et la démocratie et se recueille, avec la même détermination, avec tristesse et douleur aussi, à la mémoire des victimes assassinées, durant cette extraordinaire journée du 14 juin 2OO1, par des malfrats politiques, freins à l’émancipation de l’Algérie depuis déjà plusieurs décennies.

A cette exceptionnelle occasion, la Kabylie et certainement tout le peuple algérien tiennent à rendre, sept longues années après, un hommage distingué à ces milliers de jeunes, femmes et hommes, courageux et fiers, qui avaient osé exprimé dans les rues d’Alger, au cœur des circuits criminels et des connexions mafieuses du système, leur ras-le-bol de la misère sociale, de la corruption ; dénoncer le déni identitaire et linguistique qui les frappe et revendiquer la liberté, le travail, le respect et un cadre de vie digne et moderne. Des revendications justes et légitimes consignées dans la plate-forme d’El-Kseur que les trois millions de marcheurs du 14 juin 2001 voulaient porter pacifiquement à la connaissance des plus hautes autorités du pays avant de se heurter à la répression féroce des services d’insécurité du pouvoir.

Sept douloureuses années après cette station historique pour la conquête des droits légitimes, et malgré des engagement officiels et solennels de la part des pouvoirs publics pour l’application de la plate-forme d’El-Kseur, les principaux points de revendications du Mouvement citoyen des archs sont restés lettre morte; hormis le chapitre réparation matériel qui a connu des avancées qui demeurent par endroits mitigées et hésitantes, le reste des exigences populaires de démocratisation de la vie politique et publique, de justice et de libertés d’association et d’expression sont loin de constituer une préoccupation pour le pouvoir qui est complètement absorbé par la distribution, les fortes  » commissions  » de ses réseaux de la corruption et les profits occultes émanant des richesses minières et pétrolières qui lui garantissent pour le moment rente et impunité.

A ce jour, sept pénibles années après la tuerie organisée du Printemps noir 2001, aucun des assassins, commanditaires ou exécutants des 126 martyrs, n’est inquiété par les juges malgré l’identification de bon nombre d’entre eux et l’engagement du représentant du chef de l’Etat de les traduire devant des juridictions civiles.

Au pays de l’arbitraire, l’impunité fait office de règle.

Sept pénibles années après, la Kabylie est toujours la cible d’attaques permanentes contre ses repères identitaires, linguistiques et culturels amazighs et est soumise à un plan machiavélique de démantèlement de ses forces de protestation et d’organisation en plus d’être confinée dans une vision de sous développement économique criminelle comme elle continue de payer rubis sur l’ongle pour son engagement militant pour une République démocratique et sociale où répartition juste et égale des richesses entre les populations ne serait pas un vain slogan.

Sept intolérables années après, une situation intenable règne en Kabylie où toutes maffias imaginables, du foncier au sable et aux marchés publics en passant par les trafics d’influences dans tous les secteurs d’activités de l’Etat et des institutions évoluent impunément au détriment des intérêts minimum des jeunes dont beaucoup ont cédé devant le chômage, la crise perpétuelle de logement, les pratiques systématiques de corruption, un enseignement inconséquent et dangereux, le vide structurel et urbanistique, l’absence de loisirs et les horizons bouchés.

Les tenants du régime profitant du contexte mondial renforcent et raffinent leur politique de la sécurité à outrance pour mieux étouffer les libertés, justifier les exactions, échapper à la justice et pérenniser la  » chipa  » (bakchich). L’objectif recherché est bien évidemment de fabriquer une Kabylie demandeuse exclusivement de sécurité et oublieuse de ses combats livrés à travers les siècles contre l’impunité et l’injustice et de ses traditions de lutte et de marches vers le progrès.

Encore une fois, le pouvoir est interpellé quant à sa responsabilité totale et unilatérale dans la situation de chaos généralisé que traverse le pays et est avertit sur les imminents dangers qui menacent les équilibres fondamentaux à tous les niveaux.

Aussi, il est urgent pour les pouvoirs publics d’honorer les engagements publics pris avec les représentants du Mouvement citoyen des archs le 15 janvier 2OO5 lors de la signature conjointe devant l’opinion nationale et internationale du protocole d’accord sur la mise en œuvre de la plate-forme d’El-Kseur.

ULAC SMAH ULAC

ULAC L’IMPUNITE ULAC

LE COMBAT CONTINUE

Tizi-Ouzou, le 14 juin 2008

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