Décidément, il n’y a pas une contrée, une seule, lointaine, esseulée et enfouie dans le temps qui passe qui n’enfante pas un certain nombre d’artistes. Béni Douala, cette région très riche en matière de création artistique et littéraire, vient, elle aussi de voir émerger un nouvel talent. Kaouane Saliha, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est âgée maintenant de 35 ans. Elle est sourde-muette. Mais cet handicap ne l’a pas non plus déviée de son objectif définitif, qui est la création d’objets artisanaux.Au contraire, il lui est devenu un stimulant, si ce n’est davantage. Et l’art représente à son égard une lueur d’espoir et un confident sans lesquels elle ne saurait à qui ou comment confier ses préoccupations venues du passé ou celles de l’avenir tout à fait incertain. Kaouane Saliha est diplômée de l’école des sourds-muets de Boukhalfa. Elle exerce en ce moment dans l’atelier de poterie berbère Iamrache Ali de Fréha. Ainsi, et pour perpétuer une des traditions de sa région natale qui est la Kabylie, Saliha fait de la poterie céramique. Elle fabrique, soigneusement et avec beaucoup d’adresse, des jarres et toutes une série d’objets d’arts traditionnels. Ces derniers plairont de par leur apparence et tout particulièrement la multiplicité de signes significatifs qu’ils portent. En plus, la céramique a toujours été une forme d’expression, la meilleure d’ailleurs pour les femmes kabyles, notamment à une certaine époque. Il convient enfin de rappeler que Kaouane Saliha a déjà exposé sa production à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou le 20 avril dernier. Elle envisage également d’effectuer bien d’autres sorties pour permettre au public de découvrir ses objets artistement travaillés.
Mohamed Aouine