Le jeune homme et le génie

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(2ème partie)

Que veux-tu que je te dise, mon frère. Durant votre absence j’ai vécu l’enfer. L’ag’ellid’ et son vizir ont osé s’introduire chez nous, ils ont exigé de moi, ce que la honte m’oblige à ne pas te dire. Je ne te raconte pas d’histoires, viens dans la chambre de mon père pour voir. En entrant, il trouve effectivement les riches vêtements tressés de fils d’or du vizir. Pour étayer ses dires, la jeune fille demande à son frère s’il le désire de lui ramener des témoins oculaires.Convaincu de la véracité des faits, il lui incombe désormais de laver dans le sang, l’affront subi.Il s‘introduit au palais et abat le jour du marché, de deux flèches bien ajustées l’ag’ellid’ et son vizir. Profitant de la confusion provoquée par la mort subite des deux personnages, il quitte les lieux sans coup férir et avec le sentiment d’avoir bien agi.De retour à la maison, il demande à sa sœur de l’accompagner et de s’éloigner de cette contrée inhospitalière, où il n’est plus bon d’y vivre.Le frère et la sœur se dirigent en direction de la mer, où ils comptent monter à bord d’un bateau. Epuisés par une marche harassante, le frère et la sœur s’allongent sur le sable et sombrent dans les bras de Morphée. Pendant leur sommeil un vent violent se lève, forme d’énormes vagues et submerge la plage.Ne pouvant plus s’échapper le frère et la sœur sont emportés par les flots. Ils ne doivent leur salut qu’en s’accrochant à un radeau de fortune.Après des milles ils sont rejetés en piteux état mais vivants, au bord d’une île dans le royaume d’un génie de triste renommée, amateur de belles jeunes filles. Dès que la présence des deux intrus lui est signalée par un berger, le génie accourt sur les lieux. Frappé de stupeur par la beauté incomparable de la jeune fille, le génie l’emporte dans les airs, en direction de sa tanière, se trouvant au sommet d’une montagne, où il retient déjà quatre-vingt-dix-neuf jeunes filles qu’il a épousées contre leur gré. Cette nouvelle jeune fille est la centième qu’il a ravie. Dès qu’il arrive dans son palais il lui dit :- K’emini this miaVghighkem i nesva !(Tu est la centième et je veux t’épouser !)- Nek our vghigh araOur-k tsaghagh araKhas ad’ arouigh thiyitha !(Moi je ne te veux pas, je ne te prendrai pas pour époux, même si tu me donnes tous les jours des coups !)Courroucé par le refus de la jeune fille, le génie désigne un serviteur pour la rouer matin et soir de cent coups de fouet. Mais malgré ce traitement bestial, la jeune fille ne montre pas son mal.Ayant assisté impuissant à l’enlèvement de sa sœur dans les airs par le génie, son frère se met à arpenter la plage à la recherche du moindre indice pouvant l’éclairer. Au bord du désespoir, il arrive enfin à trouver un berger, à qui il raconte son histoire. Ce dernier hoche la tête et lui dit :- Ta sœur a été victime de mon maître le génie. Il adore les belles filles, ces moutons sont à lui.- Peux-tu m’emmener chez lui ?- Si tu me payes assez, cela se pourrait !Le jeune homme fouille dans ses porches et trouve quelques pièces d’argent, qu’il remet au berger. Ils échangent ensuite leurs habits. Tenant par la queue le bélier dominant le jeune homme s’introduit facilement dans la palais du génie.Afin que la supercherie ne soit pas découverte par le génie, le berger l’instruit des réponses à lui donner au moment où il devra l’interroger, comme il le fait à chaque rentrée.

Benrejdal Lounes (A suivre)

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