La population de Maâmar ferme la RN25

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Après les habitants du versant ouest du chef-lieu d’Ait Yahia Moussa, d’autres citoyens, ceux du village Maâmar à sept kilomètre au nord de Draâ El Mizan sont passés hier à l’action. Sept heures du matin, le soleil a déjà pointé son nez, une autre journée caniculaire s’annonce. Des jeunes ont commencé à barricader cette route dans les deux sens. Même les autres chemins qui seront empruntés tel celui d’Ichoukrène ont été bloqués. “Nous ne sommes pas ici pour faire un procès d’intention de personne, mais seulement une manière de dire à nos élus qu’ils ont délaissé ce versant de la commune. Parce qu’on voit des chantiers ailleurs, mais pas à Maâmar”, a préféré dire un membre de la délégation prête pour mener des discussions avec les autorités quand celles-ci arriveront. “Nous sommes en 2008. L’Etat débourse des milliards pour des autoroutes alors que personne ne peut prendre une décision de réfectionner un chemin communal de deux kilomètres. N’est-ce pas du mépris?”, nous a lancé le porte-parole des citoyens. Ces derniers demandent la prise en charge sérieuse de la route qui reliant la partie de Maâmar-Haut c’est-à-dire Ihedjamène, Ifllissen, et autres hameaux à la RN25. “C’est une route impraticable. Nous avons demandé son bitumage, des ouvrages, et des fossés. Rien ? Comment expliquer cela? C’est du laxisme, tout simplement,” a mentionné un deuxième intervenant. Avant de noter cette première revendication, le porte-parole égrène une autre liste. “Il n’y a ni assainissement ni éclairage public, ni encore moins de ramassage scolaire des élèves” a-t-il mentionné. Un parent nous dira à ce sujet que les autorités ne lui ont pas facilité la scolarisation de ces deux enfants, tous deux des garçons, car, seules les filles bénéficient du ramassage scolaire. D’ailleurs, souvent les garçons de Maâmar arrivent en retard dans leur établissement scolaire? L’autre point abordé est celui de l’habitat rural et de la résorption de l’habitat précaire. Pour le premier problème, personne avons-nous appris, n’a bénéficié des cinquante millions parce que la localité de Maâmar est cadastrée et par ricochet personne n’a d’acte de propriété. Alors que pour le deuxième point, il est plus épineux. Au lendemain de l’Indépendance et plus précisément en 1963, les familles qui habitaient dans les gourbis ont été recasées dans ce qu’on appelle la Cité. Chaque famille avait alors bénéficié de deux pièces et d’une cuisine construites en parpaings sans aucune ossature. Au fil des années, le nombre de familles s’est multiplié par quatre voire cinq. “Nous sommes vingt-cinq personnes sous un même toit. Imaginez un peu cette promiscuité”, a levé la voix un contestataire. Le représentant de la cité nous a confirmé le nombre de foyers. “Nous avons au total cinquante-six habitations précaires qui devraient être éradiquées. Depuis, 2003, on fait des enquêtes, puis des contre-enquêtes, en vain. Les citoyens vivent dans des conditions qui frisent la misère”, nous a expliqué le représentant de la cité. Le séisme de mai 2003 a sérieusement endommagé ces habitations, mais personne n’a reçu un sou pour les réparations. Avant de terminer avec ce dernier, d’autres veulent signaler d’autres problèmes.

“L’eau qui nous arrive de Kantidja est salée. N’étaient-ce puits près de la rivières, on devait acheter l’eau”, telle est l’intervention d’un jeune qui ne voulait apparemment pas lâcher prise car il venait d’avoir une dispute avec un automobiliste arrivant de Batna qui voulait enlever une barricade. Une fois nos discussions terminées avec ces représentants, une délégation arrive sur place. Le chef de daïra de Tizi-Ghennif qui assure l’intérim de celui de Draâ El-Mizan en congé et trois élus de l’APC. En dépit de toute sa diplomatie, le commis de l’Etat n’arrive pas à dissuader des protestataires. “Je ne viens pas juger votre action, mais je suis venu vous écouter afin de trouver des solutions ensemble. Je ne peux prendre aucune décision sur place parce que je n’assure que l’intérim. Néanmoins, je vous garantis que je serai à vos côtés, même si demain je serai à Tizi-Ghennif”, leur a-t-il dit. Et de les informer: “Le directeur des travaux publics étant en congé. Ni moi ni son intérimaire pouvons prendre une décision à sa place. Il reprendra le samedi prochain, à ce moment, tout sera discuté”. Pour le convaincre, les représentants des citoyens l’invitent à faire une virée sur les lieux. Proposition que le commis de l’Etat accepte volontiers. Au moment où nous écrivions ce papier, les discussions continuaient encore. Nous y reviendrons dans notre prochaine édition sur la suite de cette contestation ainsi que sur les éventuelles solutions proposées. En tout cas, l’axe routier était encore bloqué quand nous avions quitté les lieux.

Amar Ouramdane

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