Au-delà de l’aveu d’échec du président de la République, concernant les opérations de privatisations, il est nécessaire peut-être de reformuler la logique même de cette opération. L’échec ne saurait être limité à ses aspects “techniques”, mais trouve son essence dans son approche politique, idéologique et dogmatique adoptée par ses promoteurs et tous ceux chargés de mener à bien le processus de privatisation.
Ce dernier est présenté comme une démarche technique et souffre d’une vision “économissiste” qui l’expurge de son kérosène qui n’est autre que sa source de survie et de développement, à savoir l’adoption avec conviction et sans ambages d’une politique libérale du marché et de l’économie. Force est de constater que l’Algérie peine à se débarrasser de sa conception dirigiste de l’économie et faire le saut salutaire vers les notions de liberté, de concurrence et des démantèlement des monopoles. Que peut signifier “privatisation” quand on décide au même moment d’une augmentation politique des salaires, en dehors de toute considération des facteurs de production et de productivité? Les opérations de privatisation ont pour finalité de renflouer les caisses de l’Etat, d’un côté, et d’assurer un désengorgement progressif de ce dernier des missions autres que régaliennes et qui fera de lui le régulateur et l’arbitre au-dessus de tout soupçon dans l’espace économique national. Or, aujourd’hui, l’Etat donne l’image d’un “refourgueur de cadavres” en proposant à la privatisation des entreprises structurellement déficitaires, croulant sous des dettes astronomiques et un cahier des charges qui hypothèque l’avenir de l’entité, même si elle est reprise. Soumissionner dans la privatisation d’une entreprise, loin d’être une action philanthropique, doit constituer une offre attrayante du candidat. Une opération de privatisation réussie est celle où l’Etat, tout comme le repreneur trouvent leur compte. L’on ne peut atteindre cette finalité que si l’Etat retrouve et joue son rôle d’agent économique jaloux de ses intérêts, mais aussi d’acteur dans la dynamique économique, et non d’agent interventionniste, protectionniste, qui impose un discours politique et idéologique, dans un terrain économique, fait de concurrence, de performance et de risques.
Chérif Amayas