Attentat kamikaze à Tizi-Ouzou

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“C’était l’apocalypse”

Plusieurs citoyens résidant au chef-lieu de wilaya, plus particulièrement les habitations situées près du siège du service des renseignements à Tizi Ouzou, n’ont jamais pensé qu’une si forte déflagration pouvait être la résultante d’un attentat kamikaze. Des citoyens que nous avons rencontrés sur place nous diront dans ce sens qu’au début ils pensaient plutôt à une explosion de gaz ou quelque-chose de cette nature. “Je revenais de la grande mosquée du centre-ville où j’ai accompli la prière du fadjr ; il était environ 5h10… quand j’ai entendu soudainement une très forte détonation venue du café du commissariat. Au début, je pensais à une explosion du réseau du gaz, tout cela est fréquent puisque le bruit de la dernière explosion du gazoduc de Lakhdaria a été entendu de très loin, mais chemin faisant je commençais à prendre conscience de la catastrophe : la ville, qui était quelques secondes avant calme venait de retrouver les bruits de la journée ; j’ai entendu de loin les cris des femmes ; c’est en arrivant sur les lieux que j’ai pris connaissance du drame. “Une bombe a explosé”, nous dit un citoyen.

“5 h 08… L’explosion !”

Il faut dire qu’une virée sur les lieux de l’attentat nous a permis de constater les dégâts matériels que cela a engendré ; une foule très nombreuse s’est d’ailleurs massée autour du siège des services de renseignements au centre-ville, le rond-point qui donne sur la sortie sud est bloqué ; la circulation est dense ; les citoyens présents sont impressionnés par le dispositif de sécurité mis en place, surtout quand le cortège du ministre de l’Intérieur, accompagné du DG de la Sûreté nationale et du wali de Tizi Ouzou, traversera le centre-ville aux environx de 10 h du matin. Des jeunes de la cité dite “Marché couvert” nous relatent les détails de ces quelques minutes de folie.

“Il était exactement 5 h 8mn ; nous avons entendu la très forte explosion ; on a vite compris qu’il s’agissait d’un attentat ; nous étions d’ailleurs les premiers avec plusieurs autres citoyens à arriver sur les lieux du drame, j’ai vu personnellement les débris du véhicule qui avait explosé ; les traces de sang étaient partout…”, témoignera un jeune Tizi-ouzéen.

“Comme le séisme de 2003”

Des jeunes de la cité “Marché couvert” nous feront part de leur incompréhension de voir leur cité touchée par un tel attentat. “Vous voyez toutes ces maisons, qui risquent à présent l’écroulement, elles sont le bien de gens misérables. Notre quartier est déjà ciblé ; les jeunes ne savent plus à quel saint se vouer. Pourquoi nous? Est-ce le destin qui s’acharne contre nous ?”, s’interrogera Lyès, un jeune rencontré sur les lieux de l’attentat. Ce dernier nous dira. :“Plusieurs citoyens ont participé à l’opération de secours”, nombreux sont ceux qui étaient pris de panique, personnellement je pensais à la fin du monde, la confusion était totale ; quand j’ai regardé de la fenêtre de ma maison, je n’ai rien vu de plus qu’une grande fumée noire ; je n’ai rien compris ; j’ai dû descendre au milieu de la cacophonie qui régnait car chacun tentait de fuir ; arrivant aux abords du siège des renseignements, j’ai constaté le drame ; par la suite, la police est arrivée sur les lieux et a pris les dispositions sécuritaires qui s’imposent en pareilles situations”, indiquera Djamel.

“L’on a d’abord pensé que c’était un hold-up contre la BDL”

La très forte détonation qui a ciblé Tizi Ouzou en cette matinée du dimanche a rappelé le séisme de 2003 : toutes les scènes de paniques étaient pratiquement identiques : la course vers les cages d’escaliers a produit des blessés parmi les résidents; la déflagration causée par un fourgon bourré d’explosif a touché plusieurs habitations, le siège de la BDL n’est pas en reste :“Quand j’ai entendu l’explosion, suivie de l’alarme de la banque BDL qui s’est déclenchée, j’ai pensé à un hold-up ; ma surprise fut grande lorsque j’ai découvert l’immensité des dégâts”, témoignera Madjid. Tout le centre-ville a été atteint: la cité “Marché couvert”, les bâtiments Bleus, les anciennes galeries et la cité Djurdjura ont tous vu au moins la vitrerie cassée; la permanence du Mouvement citoyen complètement dévastée. Tizi Ouzou a donc connu l’une de ses plus longues journées ; les chemins qui mènent vers les lieux de l’attentat demeurèrent bloqués jusqu’en fin de l’après-midi d’hier.

Tayeb Laoui

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