“Vive l’été, vive l’euro !”

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D’après des études, chaque foyer de kabylie, plus particulièrement à Tizi-Ouzou, compte en moyenne un membre de sa famille vivant à l’étranger. Au delà de l’impact social de ce phénomène, ce sont les retombées financières de l’émigration qui sont surtout mises en avant. Par la force des choses, la Kabylie est devenue l’un des plus importants marchés parallèles de la devise. Une manne qui est injectée, en permanence, dans le quotidien des familles… et des commerçants !. Mais c’est en été que le mouvement de ces “capitaux” en devises devient le plus intense. A Tizi-Ouzou, c’est même devenue une constante indiscutable: “Quand le mercure s’affole, l’euro devient fou !.” Les demandes de change deviennent tellement importantes en cette période que le marché explose. A titre d’illustrations, le billet de 100 euros s’est échangé hier à Tizi-Ouzou contre 1 180 DA. Le dollar n’est pas en reste. En quelques jours seulement, il est passé de 7 500 DA le billet de 100 à 7 650 DA. Certes, les taux de change sont régulés, comme dans tout marché à caractère spéculatif, par les variations de l’offre et de la demande, mais il ne faut surtout pas se référer à certaines idées reçues pour expliquer cette flambée. Nos émigrés ne sont pas les seuls “coupables” de la folie exagérée de l’euro. Un phénomène nouveau est venu, ces dernières années, bousculer l’ordre établi dans la bourse parallèle : les Algériens, y compris les kabyles, sont de plus en plus nombreux à vouloir passer leurs vacances à l’étranger. La destination la plus prisée demeure, sans nul conteste, la Tunisie. De fait, il parait logique que les vacanciers de “chez nous” participent à la hausse des taux de change boosté, en permanence, par les flux de liquidités injectés par nos émigrés qui échangent leur euro en dinars, le cercle du change devient plus intense en faisant l’opération inverse (du dinar à l’euro), grâce notamment, à nos vacanciers. Résultat des courses : trop de gens vendent leurs devises, trop de gens achètent la devise!) L’éguation est simple, mais amplement suffisante pour maintenir l’euro sur des hauteurs vertigineuses. Une telle situation débouche, implacablement, sur un impact à double tranchants. D’un côté, les familles peuvent prétendre à des dépenses supplémentaires en été (camping, mariage, etc) grâce à l’apport de leurs enfants vivant “là-bas”, mais elles doivent supporter, au même temps l’incroyable hausse des produits de première necessité. Depuis un peu plus de deux décennies, un déconcertant réflexe commercial s’est graduellement installé dans les mentalités des commerçants et des clients ; En été, tout s’achète grâce aux émigrés, même à prix exorbitant !. Un jeune Tizi-Ouzéen auquel on voulait arracher quelques impressions sur le sujet nous a tout résumé : “ça me fait quoi si les prix flambent ? J’ai deux frères vivant en France. Ils arrivent dans quelques jours pour fêter le mariage de l’un d’eux. Les dépenses c’est eux qui s’en chargent!, alors vive l’été et vive l’euro…”

Ahmed Benabi

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