La Dépêche de Kabylie : Le pôle de coordination nationale des associations de lutte contre les IST/VIH/Sida. Voilà un projet qui de prime abord paraîtrait audacieux, inconcevable, voire trop ambitieux pour de nombreux acteurs. Or, il s’est concrétisé : ce pôle est né ce jeudi 14 août 2008. Quelles sont les motivations de votre équipe pour cette création ?
Salhi Mouloud : A l’échelle mondiale, l’épidémie du Sida est telle qu’elle impose aux Etats et citoyens la nécessité de repenser avec plus de pertinence la riposte à la fulgurante propagation du VIH. L’Algérie s’est fermement engagée dans cette voie par des programmes spécifiques, à court et à long terme dès 1987. La société civile, a commencé de son côté, à s’organiser, indépendamment des services publics, pour s’impliquer dans l’objectif de lutte. Aujourd’hui, il apparaît que malgré cette détermination, cette mobilisation de nombreux acteurs, malgré la pertinence des programmes exécutés, le niveau des connaissances et les moyens disponibles, la pandémie tarde encore à amorcer le fléchissement espéré. Ainsi, la prise de conscience de la situation alarmante et la nette conviction de faire barrage au VIH suggèrent, elles, la création d’un pôle de coordination des associations nationales œuvrant pour la lutte contre le Sida. L’Etoile culturelle- toute sa composante- en est convaincue et fort motivée, mais l’initiative n’est pas seulement l’apanage de l’AEC mais aussi d’autres associations, à l’instar de la Santé Sidi El Houari d’Oran, Aniss de Annaba, Forem Alger et Solidarité Aïds.
Des associations très présentes sur le terrain de la lutte avec un dynamisme et une volonté rares.
Quel sont le statut et les objectifs de ce pôle ?
Il est non gouvernemental, fonctionnant en réseau.C’est un dispositif complémentaire, durable et à long terme de la riposte nationale. De ce fait, c’est un espace de concertation ouvert à toutes les volontés et destiné à la fois à la structuration, au rassemblement et à la mobilisation des ressources humaines et matérielles utiles à la lutte et à la cohésion et la synergie des programmes. Ce pôle est revêtu d’un caractère informel. La nécessité d’aller du stade réactif au stade actif permettra des actions unifiées dirigées vers la satisfaction des besoins des personnes infectées ou affectées par l’affection VIH.
Quelles valeurs véhiculent ce pôle ?
Comme je l’ai souligné précédemment, c’est de renforcer la riposte nationale de lutte contre l’épidémie du Sida, donc la solidarité. Ce pôle choisit d’agir en toute démocratie et transparence dans le respect des lois, des libertés humaines, des droits et devis qui seront définis ultérieurement dans une charte. Celle-ci stipulera les droits de l’homme, la lutte contre toute forme de ségrégation, de discrimination et l’indépendance de la société civile vis-à-vis de toute influence politique, partisane, économique, religieuse ou morale.
Enfin, elle délimitera les champs d’intervention et précisera les prérogatives et les responsabilités de chacun des adhérents du pôle de coordination. De plus, ce pôle est ouvert, permettant l’accès à toute personne, ressource et association désireuse de participer dans la mesure de ses capacités et moyens à la réussite des objectifs de la lutte.
Quelles en sont les indications de suivi ?
Parmi d’autres, il est prévu d’évaluer lors de rencontres régulières les tâches accomplies par rapport à celles inscrites dans les projets, de renforcer les capacités du personnel associatif, de faire le point sur le progrès scientifique, d’évaluer les besoins nécessaires à l’accomplissement des tâches, de relancer les indices majeurs des comportements des populations, etc
Quelle sera globalement la ligne directrice de vos futurs programmes au sein de ce pôle ?
Cette ligne directrice reposera dans une large mesure sur une politique de prévention soutenue, adaptée à l’évolution de l’épidémie et au contexte socioculturel mais aussi sur le traitement des facteurs qui alimentent l’épidémie. C’est aussi la prise en charge des PVS et sidéens. En termes d’orientation, de conseils, de traitement, de suivi, d’accompagnement psychologique mais aussi durablement vers l’intensification des actions pour le recouvrement des droits fondamentaux des malades sidéens et vers la prise en charge de l’enfance orpheline du fait du sida.
Quels sont vos principaux partenaires dans cette action ?
Le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme, le ministère de la Santé, le ministère de la Jeunesse et des Sports. Le partenariat pôle institutions s’avère une nécessité absolue et est considérée comme étant une stratégie de bases et doit s’articuler autour de l’équipe et du respect mituel. Le souci pour nous est justement la lutte commune.
Votre dernier commentaire par rapport à cette journée de pôle ?
La proposition a été enrichie.
Les objectifs, la vocation, la pertinence et la mise en œuvre ont été longuement discutées; les contraintes potentielles ont été identifiées et traitées. La diversité des représentants s’est révélée un atout majeur dans la réflexion et l’étude de faisabilité. L’expérience a été enrichissante de par la richesse des analyses et des nombreuses interventions ayant révélé l’intérêt et la volonté de créer cet espace de concertation… Le fait d’apprendre l’un à l’autre a tissé et resserré davantage les liens d’amitié et d’entreaide pour une cause commune. Je remercie toutes les associations participantes sans oublier celles qui ont manifesté de loin leur confiance et adhésion totales.
Entretien réalisé par T. Yettou
