Disons-le tout net, l’organisation terroriste d’obédience salafiste, qui a perdu la bataille des maquis, jette maintenant son dévolu sur de pauvres innocents. Hier à Bouira, comme ce fut le cas ving-quatre heures plus tôt aux Issers, 12 autres civils ont été fauchés par des explosifs, et ce en plus de 45 autre blessés, a-t-on signalé. S’ajoutant aux 43 morts d’Isser et ceux de leur propre ville, les blessés à Bouira comme dans d’autres régions du pays porteront toute leur vie les séquelles de cet énième drame. Drame systématiquement revendiqué en victoire, toute honte bue, bien entendue par l’ex-GSPC qui parle de djihad entre deux exactions. Sur l’avenue principale des Issers, théâtre d’un carnage, un jeune a eu justement ces mots, la rage au cœur. “ Il ( les terroristes) évoquent le djihad pour Allah ! si le Tout Puissant leur accorde son Paradis, je lui demanderai de m’en faire sortir.” Synchronisant ses attaques kamikazes, depuis presque deux ans, la soldatesque locale d’El Qaïda tente d’empêcher diaboliquement le retour à une vie normale. Les hordes sanguinaires encore en cavale, similaires à celles du GIA veulent reimplanter le décor de guerre, vécue entre 1994 et 1997. Une période où l’on enregistrait, au bas mot, plus de 200 morts par semaine. Fortement amoindries, et réduites, juste après à errer d’un douar à l’autre à la recherche d’une croûte, ces hordes islamistes ont pu, chose révoltante, se revigorer en tirant les dividendes d’une certaine politique mise en branle par des cercles du pouvoir. La psychose est désormais palpable, ici et là. Lundi dernier, pas moins de 11 militaires ont péri suite à une contre-embuscade du côté de Jijel. Dans le même temps, deux autres soldats de l’ANP ont été blessés, au nord-ouest de Bouira. Et successivement, hier et avant-hier, l’ombre des commanditaires de l’islamisme armé, alliés de la mafia politico-financière, s’est profilée derrière les deux coups spectaculaire aux Issers et au centre-ville de Bouira. Plus de 50 morts en deux jours et une centaine de blessés. L’idée de paix, sempiternellement claironnée par certains cercles dans ce pays-là, ne s’est guère concrétisée. Bien au contraire, la violence islamiste est allée crescendo pratiquement depuis fin 2006, lorsque deux attentats à la voiture piégée ébranlèrent la quiétude des habitants de Réghaïa et Dergana, dans la banlieu est d’Alger. D’une année à une autre, alors que les villes d’Algérie subissent l’assaut des fous de Dieu, l’on pressent qu’on est dans une impasse. Pour s’en sortir, il faut enclencher cette rupture tant attendue tant espérée, avec les forces de l’obscurantisme.
Salim Haddou