Le film du réalisateur algérien Lyazid Khodja intitulé » Si Mohand u M’hand » est en cours de projection dans les salles obscures françaises. Ce long métrage dramatique d’une durée d’une heure quarante minutes qui retrace la vie du poète et philosophe kabyle qui a grandi et vécu dans l’insoumission face la présence coloniale française. L’errance a également fait partie de sa vie. Ainsi pour le réalisateur » ce film contribue à restituer à l’Algérie le soubassement civilisationnel qui fonde son existence. » L’équipe du film est composée d’acteurs de talent à l’image Dahmane Aidrous et Fodhil Hamla (Si Mohand u M’hand), Djamila Amzal et Hadjira Oubachir. L’histoire retrace le portrait du grand poète kabyle de la fin du siècle dernier, une des figures les plus célèbres et complexes de la poésie algérienne. Ainsi pour l’auteur l’intérêt est de faire connaître ce géant, respecté et incorruptible, qui n’a eu d’égards ni pour ses compatriotes, ni pour les autres. A la vie de son peuple, à un moment critique de son histoire, Si Mohand U M’hand a participé pleinement. Dès sa naissance le drame marque sa vie. Sa famille est, en effet, étrangère au village où il voit le jour ; elle vient de s’y réfugier depuis peu pour fuir les suites d’une vendetta. Puis Mohand encore enfant voit les troupes du général Randon monter à l’assaut du massif kabyle. Ichariouen, son village est détruit et ses habitants dispersés. C’est le deuxième exil du poète. Quatorze ans plus tard, il y’eut la grande révolte de 1871 et c’est le soulèvement le pays, la famille de Mohand s’y engage tout entière. Après la défaite, le père du poète est jugé, condamné et passé par les armes à Fort National sur les lieux mêmes de son premier village détruit. Son oncle est déporté en Nouvelle-Calédonie. Son frère fuit en Tunisie et lui-même ne doit la vie sauve qu’à l’intervention d’un officier français. Tous les biens de la famille sont confisqués. Mohand est réduit à l’indigence et quitte la montagne natale mis s’en va. C’est son troisième et définitif exil. Il passera désormais sa vie à parcourir les villes et les routes d’Algérie et quelquefois de Tunisie, il vit au jour le jour, au fil des circonstances. Il prend conscience du caractère singulier de son destin et l’accepte tel que. Pour s’étourdir, il s’adonne avec réticence, et à la fin avec frénésie à tous les plaisirs défendus. Vivant d’expédients, il hante les cafés maures, les bistrots et tous les lieux où l’on tâche de s’étourdir et de prendre du bon temps.
Hacène Merbouti
