De nouvelles habitudes ramadhanesques

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Suivent ensuite la “décade des mulets”, enfin “celle des ânes” où les jeûneurs se mettent péniblement à compter les heures et les jours qui les séparent de l’Aïd. L’Aïd pointe du nez avec le sempiternel doute sur le jour où le croissant lunaire daignera se montrer : étrange paradoxe à l’ère des stations spatiales habitées et de la découverte de galaxies de plus en plus lointaines. L’Aïd est porteur de joie pour les enfants, et de satisfaction intime pour les jeûneurs, la satisfaction du devoir accompli. Ils attendent de goûter aux joies simples d’un café siroté sur une terrasse ou d’une cigarette avec les amis. Les mois de Ramadhan se suivent et se rassemblent, mais de nouvelles mœurs font doucement leurs apparitions. En l’absence totale de spectacles ici, les familles sortent la nuit tombée, après le f’tour, pour se rendre chez des amis pour y passer un moment ensemble, en attendant l’heure du shour. La religiosité est accrue pendant ce mois et les fidèles affectionnent les prières surérogatoires (taraouihs) dans la mosquée principale de la ville dans laquelle la salle de prières se trouve à l’étage. Fait assez nouveau, des femmes commencent à se rendre de plus en plus nombreuses aux taraouihs, souvent avec leurs maris ou tout simplement en groupe avec des amies. La féminisation de la mosquée est ici une chose nouvelle, qui semble augurer d’une attitude différente du corps social à ce temple de dévotion jusque-là domaine quasi exclusif du mâle. Cette intrusion féminine est assez bien tolérée par les hommes, moins sourcilleux qu’avant devant de ces débordements féminins sur leurs plates-bandes sacrées. Ainsi, après avoir conquis de haute lutte des domaines aussi variés que l’éducation, la santé, la police, la femme est en train d’entrer dans ce lieu d’exercice de la foi dont, à coup sûr, elle atténuera sensiblement l’austérité. Au niveau alimentaire, les sucreries orientales sont en disgrâce visible. Il n’y a plus de chaîne pour les zlabias ou les qalbalouz. Les gens commencent à faire attention à ce qu’il ingurgitent et évitent les aliments trop riches en sucre et huiles cuites. Devant la recrudescence des maladies liées aux excès alimentaires, tels le diabète et l’hypertension, out le monde se rend compte qu’il n’est pas bon de consommer trop de sucreries ou de lipides en soirée. Peu de boutiques de zlabias ont ouvert et la demande est en nette régression, relativement aux années précédentes.

Le choix est plus porté sur les fruits, lesquel sont assez disponibles sur le marché, ou encore les desserts à base de laitage. La rondelle de zlabias cède le pas à la grappe de raisins tout aussi succulente et meilleure pour la santé !

M. Amarouche

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