“L’affaire Mecili” et ses derniers développements avec l’arrestation et la mise en examen du diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni est en train de partir dans toutes les directions. Contrairement à ce que l’on croit, seule la justice française est en train de respecter sa propre logique et la pousser jusqu’au bout en exploitant ce qu’elle a sous la main. A contrario, il y a apparemment trop de “parties algériennes” à s’inviter dans l’affaire parce que la seule -l’autorité diplomatique officielle- dont on attendait qu’elle fasse son travail ne s’y est impliquée que par bribes indéchiffrables. Le premier à s’être manifesté n’a pas attendu l’arrestation de M. Hassani à l’aéroport de Marseille pour le faire, Hicham Aboud, ancien officier des services de renseignements et chef de cabinet du général Betchine du temps où il était à la tête de ce département de l’armée, écrivait il y a déjà quelque temps que sollicité, il aurait refusé de participer à cette “mission”. Dans le même écrit, le capitaine Rachid Hassani, “venu de la gendarmerie” précise-t-il, a fait preuve d’un enthousiasme débordant jusqu’au zèle de faire de travail. Hicham Aboud explique cet enthousiasme par le désir ardent du capitaine Hassani de se venger de Ali Mecili pour une sombre affaire de différend qu’il aurait eu avec son père du temps du Malg. Après l’arrestation de Ziane Hasseni, Hicham Aboud a confirmé ses déclarations en y ajoutant que le diplomates n’a rien à voir avec l’officier dont il avait parlé avant. Vraies ou fausses, sincères ou intéressées, les déclarations du commandant Aboud ont le mérite d’être d’une logique clarté. L’autre officier à s’inviter dans l’affaire est le colonel Samraoui. Et il le fait de la manière la plus spectaculaire qui soit, puisqu’il dit reconnaître formellement sur la photo de Ziane Hasseni, l’homme qui aurait remis en sa présence une somme d’argent à l’assassin présumé de Ali Mecili, Malek Oumelou pour “l’exécution du contrat.” On connait le parcours pour le moins trouble de Mohamed Samraoui et ses démêlés avec la hiérarchie militaire. On sait surtout que les frontières entre ses problèmes personnels et les considérations politiques qu’il y greffe n’ont jamais été très nettes, mais dans le cas précis seule la vérité sur cette affaire pourra le confondre ou le conforter. Troisième invité dans l’affaire, l’ancien ministre de la Communicationet et diplomate de parcours, Abdelaziz Rahabi s’est élevé contre l’arrestation de Mohamed Ziane Hasseni. M. Rabahi, qui dit connaître le mis en cause depuis longtemps, savoir avec exactitude son itinéraire universitaire et diplomatique et apprécier ses qualités humaines professionnelles.
Il récuse donc les accusations portées contre lui et exclut du coup leur vraissemblance. Dans la foulée revient la thèse de l’homonymie déjà défendue par Aboud et révoquée par Samraoui. Dernier invité enfin, “des citoyens révoltés” envoient une longue lettre ouverte au président de la République afin, qu’il intervienne personnellement pour le dénouement de cette affaire et la libération de Ziane Hasseni bien évidemment innocent à leurs yeux. Dans cette lettre des révoltés anonymes, ou retrouve le discours traditionnel sur les nostalgiques de l’Algérie française, quelques allusions aux incohérences de la justice française et enfin, une information, Ziane Hasseni était en poste en Allemagne de 1997 à 2004 et Samraoui dont les déboires ont commencé juste avant et dans le même pays aurait donc toutes les raisons de vouloir en découdre avec ses successeurs. Toujours l’homonymie. La lettre au président, Rahabi, les avocats de Hasseni et même certaines voix officielles se retrouvent dans une belle unanimité.
On oublie seulement que si l’erreur de nom venait à se confirmer, il faudra alors libérer Hasseni et livrer Hassani.
S. L.