“Je serai à Meknès”

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Chercheur et linguiste en langue et culture amazighes, Abdesselam Abdenour, revient dans cet entretien sur le Congrès mondial amazigh, CMA. Cette ONG qui traverse des moments de dissensions internes provoquées, par ailleurs, par des visions différentes sur le pays de la tenue de son 5e congrès, M. Abdesselam est invité d’honneur au 5e congrès de Meknès.

La Dépêche de Kabylie : Vous êtes invité d’honneur pour assister aux assises du 5e Congrès mondial amazigh à Meknès, au Maroc, quel est votre sentiment ?

Abdenour Abdesselam : Je serais effectivement présent à Meknès au Maroc comme invité d’honneur du CMA. Le CMA, étant une ONG de droit universel dont les missions sont de dimensions internationales, doit être renforcé et consolidé dans ses démarches de défense des droits des peuples berbères au niveau mondial. Je veux vous rappeler ici, entre autres, que la mission entreprise par le président, Belkacem Lounès lors des douloureux événements du Printemps noir auprès de la Commission sociale et économique de l’Union européenne, qui a suspendu l’accord de coopération avec l’Algérie justement pour atteintes aux droits de l’Homme en Kabylie. Je citerai également ses démarches engagées auprès de la commission des droits de l’Homme de l’ONU pour réclamer la libération des détenus berbères actuels au Maroc. Le monde dispose d’instances internationales qu’il faut savoir exploiter et saisir comme voie de recours lorsque dans nos pays respectifs de l’Afrique du Nord, il y a entrave au droit et à la liberté. Au côté des dynamiques intellectuelles, associatives, individuelles et collectives, et mêmes politiques, le CMA en tant qu’organisation non gouvernementale est nécessaire et d’une grande utilité pour la communauté pan-berbère au niveau mondial.

Le CMA traverse des turbulences, ne pensez-vous pas que cela peut nuire à l’organisation ?

Toutes les organisations connaissent ce genre de turbulences. Ces turbulences ont été générées suite à l’attitude des autorités algériennes, qui n’ont pas donné leur accord pour la tenue du 5e congrès en Kabylie. Je déplore et ne comprend pas cette décision d’autant plus que mon pays enregistre, plus que tout autre pays en Afrique du Nord, des avancées très appréciables dans la reconnaissance du fait berbère au plan constitutionnel et institutionnel. Pour exemple, aucun pays voisin n’a encore reconnu officiellement la langue berbère comme c’est le cas en Algérie. Cette contradiction flagrante, inutile et négative, mais surtout gratuite, démontre, si besoin est, que les pesanteurs héritées des attitudes oppositionnelles anciennes tardent à disparaître. Je reste néanmoins confiant que les autorités de mon pays se ressaisissent et que le prochain congrès du CM puisse alors se tenir en Kabylie.

On croit savoir qu’une autre réunion se tiendra à Tizi Ouzou. Quelle est votre position

la-dessus ?

Je suis de nature légaliste. J’ai suivi attentivement les événements qui ont entouré ces « turbulences » et il est aisé de comprendre, sauf à vouloir se cacher derrière son doigt, que la légalité de la tenue du congrès du CMA sera à Meknès. Je ne peux donc déroger au droit.

J’irais à Meknès tout en regrettant et en dénonçant fermement que les autorités de notre région n’aient pas permis cette rencontre ici en Kabylie. Mais ne tournons pas le dos à l’avenir. Après analyse, je me pose la question de savoir si cette tentative de doublure n’est pas manipulée pour servir des objectifs extra-CMA.

Propos recueillis par M. Mouloudj

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