A mi-chemin entre le conte et le roman

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L’œuvre, et contrairement à ce que recèle une tamacahutt classique, ne s’encombre pas de teryel et autre waghzen (ogre et ogresse).

Le “conte’’ de Akli Kebaili est en fait insaisissable du point de vue spatiotemporel. Seulement, cette “intemporalité” sera rompue par des illustrations qui obligent le lecteur à ne pas donner libre cours à son imagination en la maintenant dans l’espace temps que proposent les planches. Ceci est d’autant plus regrettable lorsque le lecteur en question est un enfant dont la construction de l’imaginaire est largement assistée par des œuvres de cette nature.

La langue de Imetti n bab idurar est d’une manière générale fluide et est accessible au “commun des Kabyles”. Cependant, on relève par moment des calques sémantiques qui ne profitent pas à la beauté du texte. On retiendra à ce propos et à titre indicatif “tudert i Musni !” (page 47) et “eds i tmeddurt ad ak-d-teds” (page 79)

Pour le reste, le parcours de Itri, le personnage central, est captivant et a un petit quelque chose de ressemblant avec Gulliver de J.Swift. Cette ressemblance s’expliquerait peut-être par cette “intrusion” dans l’universel que Kebaili a réussi. Quand bien même l’invraisemblable, le fantastique et autres écarts seraient le propre du conte, l’auteur aborde et dénonce, à travers la famille et le village de Itri, un comportement social plus ou moins d’actualité. Obligée de se marier à une personne qu’elle n’aime pas, Tannina, la sœur d’Itri, fugue le jour de son mariage. Le nnif et tirrugza du père en pâtiront. Il finira par mourir de chagrin. Parti à la recherche de sa sœur, Itri n’en saura rien. Akli Kebaili fera atterrir son personnage-pivot dans une autre taddart, une taddart de rêve où il fait bon vivre. Là aussi on surprend l’auteur à “quêter” la liberté. D’une manière implicite et intelligente, l’œuvre valorise la femme et, de la même manière, transmettra, notamment à l’enfant, des notions d’amour et de liberté.

Immeti n bab idurar est de loin plus profitable qu’une soirée fade passée les yeux rivés sur le petit écran sans âme. C’est pourquoi, il faut vite aller l’acheter, le lire et, surtout, le “conter’’ aux enfants, avant qu’ils dorment et surtout avant qu’ils ne soient abrutis et formatés par la télé.

T. Ould Amar

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