C’est vraisemblablement une affaire qui a pris l’allure d’un véritable scandale à Aït Bouadou, commune située à quelques kilomètres du chef-lieu de la daïra des Ouadhias. Perchée sur les hauteurs de Tizi Ouzou au pied du Djurdjura, cette paisible localité lasse de ses journées monotones découvre une “affaire” qui aurait pu rester dans son cadre n’eût été la position d’une partie de l’affaire qui se présente comme une “victime” ayant décidé de rendre publics tous ces péripéties. Il s’agit en effet de Med Arezki, âgée de 58 ans, demeurant au village Ibadissen, commune d’Aït Bouaddou, qui s’est présenté à notre bureau régional pour nous remettre une requête qu’il a adressée au procureur de la République de la daïra de Draâ El Mizan contre quatre membres de sa famille. Dans ladite requête, M. Med Arezki raconte “sa mésaventure” : “Le 5 juillet 2008 vers 17 h, à mon arrivée de Hassi Messaoud où je travaille depuis 28 ans dans une entreprise nationale en qualité de mécanicien polyvalent, ayant pris un congé de trois semaines pour me reposer et reprendre mes forces, j’étais loin d’imaginer qu’un groupe composé de plus de dix personnes m’attendait chez moi pour me ligoter et m’hospitaliser de force à l’hôpital psychiatrique de Oued Aissi afin d’obtenir les certificats médicaux me privant de tous mes droits civiques.” Ce dernier qui précise qu’il a bel et bien proposé aux membres de sa famille en échange du consentement de se remarier-sans divorcer- de leur céder toutes les parcelles de terrain, la nouvelle villa, de deux F5 et trois garages plus le jardin. La requête indique : “Plus de dix personnes sont entrées au salon où j’étais assis, se sont précipitée sur moi, m’ont ligoté de force me jetant dans la voiture sans aucun ménagement”.
Le rédacteur de la requête ajoute par la suite qu’“un membre de sa famille ayant obtenu sous ma présence chez un docteur psychiatre à Boghni, un certificat médical ordonnant mon hospitalisation de force le plutôt possible, au moment où j’étais en train de réparer les engins de l’entreprise nationale (ENGCB) à Hassi Messaoud, a réussi aussi à induire en erreur le président de l’APC d’Ait Bouaddou qui lui a signé un document afin de m’interner de force à l’hôpital Oued Aissi en lui argumentant que j’errais à Hassi Messaoud depuis des mois sans travail ni logement et qu’il voudrait me ramener pour me soigner”. Le récit est vraiment accablant.
Un psychiatre de Boghni complice ?
Med Arezki qui s’est déplacé à notre bureau, ajoutera : “Ainsi tout a été mis au point d’avance pour accomplir leur forfait et dès mon arrivée, je fus ligoté des pieds jusqu’aux épaules… Arrivé à la polyclinique des Ouadhias-étape prévue pour m’injecte le vallium-j’ai sollicité l’aide d’un homme de loi auquel j’ai expliqué sans agitation, que je ne suis pas malade mais victime d’une machination ; ce dernier refuse de m’écouter”, avant d’indiquer un peu plus loin : “Toujours ligoté, on m’injecta le vallium qui me paralysa sous les yeux de l’officie puis le même commando dans le même véhicule continuera le voyage jusqu’à l’hôpital de Oued Aissi où je fus interné sans me donner aucune chance de m’exprimer”. Notre interlocuteur nous donnera par la suite des détails sur son séjour à l’hôpital psychiatrique de Oued Aissi. “les premiers jours j’étais considéré comme fou dangereux, on m’a attaché au lit durant plusieurs nuits, je tiens à vous signaler que mon médecin traitant a refusé toutes mes sages explications et a ordonné aux infirmiers de m’injecter du vallium de force, pourtant je ne lui ai demandé que de ma laisser quelques jours en observation pour justifier de ma bonne santé mentale. Tentative vaine”, explique-t-il. Et d’ajouter : “Etant délesté de mon potable, mon agenda et surtout mes lunette de vue, je n’arrive pas à contacter mon médecin traitant”. Le salut viendra selon les termes de la requête de notre interlocuteur grâce à un homme “de bonne foi qui a accepté de me prêter son portable pour contacter mes amis, mon avocat et le président de l’APC grâce auxquels je fus délivré de cette machine qui allait me broyer sans pitié ou me rendre mineur à vie. Au onzième jour, j’ai dû quitté l’hôpital contre l’avis médical mais depuis je ne peux plus habiter sous le même toit.”
Le rédacteur de la requête espère enfin que la justice “le rétablira dans ses droits pour retrouver une vie normale”, dira-t-il en conclusion. Nous avons tenté durant toute la journée d’hier d’entrer en contact avec l’hôpital psychiatrique de Oued Aissi afin d’avoir leur version des faits, le numéro de téléphone de l’établissement était injoignable.
Quant au P/APC d’Aït Bouaddou, il a souhaité que l’affaire reste dans son cadre familial et a refusé d’alimenter la polémique.
Tayeb Laoui