Les producteurs de pommes de terre inquiets

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La réunion, qui a vu la participation d’une centaine de fellahs et exploitants agricoles issus notamment de la plaine des Arribs d’Aïn Bessem et ceux du plateau d’El Esnam, aura abouti sur la nécessité d’appliquer un plan d’urgence pour les professionnels du secteur tout en interpellant une fois de plus le ministère de l’Agriculture.

Parmi la pléiade de problèmes soulevés, le non paiement de la dernière production de tubercules. Les producteurs se plaignent en effet, en plus d’avoir été victimes de lourdes pertes dues essentiellement à la défection de plusieurs chambres froides, de ne pas avoir été payés pour la production qu’ils ont réussi à stocker. La rencontre présidée par M. Choudani, représentant des producteurs de pommes de terre a été l’occasion pour ces derniers de s’interroger ouvertement sur le rôle du Syrpalac (Système de régulation des produits agricoles de large consommation). Pour les fellahs qui disent avoir pris attache avec les différents services concernés dont le ministère de l’Agriculture, il est incompréhensible voire aberrant que toutes leurs démarches aient été vaines. Un intervenant révèlera à ce propos, que la production de tubercules de la wilaya de Bouira est stockée dans des chambres froides de 17 wilayas.

« Des chambres froides qui ne nous ont remis aucun bon de livraison, ni un quelconque reçu prouvant notre dépôt. Pire encore des agriculteurs qui ont déposé 1 000 quintaux de tubercules ont été désagréablement surpris de voir dans les registres des chambres froide que seuls 600 quintaux avaient été enregistrés. » C’est le cas le plus louche relevé par de nombreux agriculteurs qui nous ont cité l’exemple de Aïn Oussera (Sétif) ou Mostaganem. Les producteurs de pommes de terre ont également mis en exergue le coût du transport pour aller stocker leurs produit : « Nous avons payé la location de camions, de semi-remorques, de palettes, de frais de chargement et de déchargement de notre poche, tout ça pour nous retrouver sans le sou à l’approche de la prochaine récolte de pommes de terre. » Les agriculteurs relateront aussi l’inexistence de suivi dans ces chambres froides qu’ils appellent communément « frigo ». « Hier j’étais à Draâ Ben Khedda pour voir où en était l’écoulement de ma production. Arrivé devant la porte de l’entrepôt frigorifique où je possède 1 400 quintaux de pommes de terre, j’ai senti une odeur de décomposition provenant du frigo. Je crois que tout le stock est avarié » dira un producteur d’El Esnam. En insistant sur le fait que les chambres froides possèdent toute une mémoire électronique et que la température doit impérativement osciller entre +4 et +5 dg°, les agriculteurs déplorent l’absence de techniciens en froid chargés de surveiller les normes de conservation et de stockage. Toutefois les fellahs sont unanimes pour déclarer qu’ils sont chargés de produire la pomme de terre et non pas de l’écouler, en rappelant que des conventions ont été signées entre le ministère de l’Agriculture, les assurance et les propriétaires de chambres froides.

En abordant ce volet justement, les producteurs s’interrogent justement sur le fait que les propriétaires des chambres froides ont été payés pour leurs frais de stockage et de déstockage, tandis que eux, producteurs ont été « oubliés». A quelques jours de la saison d’arrachage de la pomme de terre, les producteurs sont totalement dépourvus et sans moyens financiers pour acheter, les engrais, l’amonitrate et les produits phtysio nécessaires pour une production saine.

A ce propos, un intervenant soulignera qu’ils sont menacés par les vendeurs de produits et de semence : « Nous avons remis des chèques de garantie à nos fournisseurs pour acquérir différents produits, engrais, etc.

Le délai pour payer nos créances est arrivé à terme et l’Etat ne nous a toujours pas payé. Devrons-nous aller en prison ? »

La prochaine récolte de pommes de terre dans la wilaya de Bouira, est, pour le moins que l’on puisse dire, assez compromise d’autant plus que le mildiou a déjà fait son apparition en ce début de semaine dans plusieurs champs de pomme de terre. Mais si les agriculteurs ne sont pas payés d’ici quelques jours, peu de chances de sauver leur production. Dans ce cas, il sera quasiment certain que le tubercule atteindra des sommets exorbitants sur les marchés.

Hafidh B.

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