La Dépêche de Kabylie : L’organisation de séminaires et colloques internationaux est devenue une tradition à l’université Abderrahmane-Mira de Béjaïa. Vous venez d’en organiser un en collaboration avec des Français sur le bassin versant de la Soummam.
Koudir Madani : Ce premier séminaire international est une contribution sur l’effet du changement climatique et sur les ressources en eau dans la wilaya de Béjaïa. Plus précisément, il s’agit beaucoup plus d’une coopération entre les deux universités de Rouen (France) et de Béjaïa. Les porteurs de ce projet sont, essentiellement, le laboratoire de biomathématiques, biophysique, biochimie de scientométrie (35) et le laboratoire de morphologie et de dynamique côtière.
La thématique de ce séminaire tourne autour d’un point essentiel qui est la gestion de l’eau dans un bassin versant comme celui de la Soummam. Vous savez, environ 70% de la population de la wilaya de Béjaïa y vit.
De plus, il y a la consommation urbaine mais aussi la consommation industrielle. La Soummam commence à partir d’Akbou et, entre cette région et le chef-lieu de wilaya, il y a trois grandes zones industrielles. C’est dire que l’essentiel de l’activité industrielle de la wilaya s’y fait.
Quel est l’intérêt des Français de coopérer avec un projet qui concerne le bassin versant de la Soummam ?
Eh bien, parce que c’est la rive nord de la Méditerranée et qu’ils ont un bassin versant comme les pays qui l’entourent. Donc, il y a l’intérêt des pays méditerranéens qui se posent la question suivante : “Comment sera la Méditerranée de demain avec toutes les activités humaines dans leurs bassins versants ?”
Vous avez soulevé un point relatif au prix de l’eau potable.
Effectivement. Je commencerai par vous parler d’une “bizarrerie” : En Algérie, le litre d’eau minérale coûte entre 20 et 25 DA. Par contre, celle que nous consommons dans nos robinets est facturée par l’ADE à 6 DA le m3. Nous savons que c’est un prix d’Etat mais ce n’est pas normal.
De plus, ce prix est unique et national alors que les investissements diffèrent d’une région à une autre. Une eau puisée directement d’une source coûte beaucoup moins chère que celle qui est dessalée comme c’est le cas avec les stations d’El Hamma ou d’Oran. Mieux encore, au sud, l’eau est transportée sur des centaines de km. Donc, vous voyez, l’investissement de l’Etat est différent mais le prix de l’eau est national et unique. C’est, pour moi, une “bizarrerie” car, en France, le prix de l’eau potable diffère d’une région à une autre.
Concernant la wilaya de Béjaïa, pensez-vous que le prix de l’eau doit être plus cher que celui fixé par l’Etat ?
Il faut être honnête, tant que le prix sera de 6 DA le m3, le citoyen ne se souciera pas de ses ressources en eau. C’est vraiment symbolique et je pense que ce n’est pas le prix réel de l’eau potable. Il faut faire une révision économique des prix.
Pour conclure ?
Il est tant que l’Algérie, comme tous les pays de la rive sud de la Méditerranée, s’intéresse politiquement, scientifiquement et techniquement à la problématique des ressources en eau. Et il est admis que les guerres de demain tourneront autour de l’eau et non pas autour d’autre chose.
Propos recueillis par Tarik Amirouchen
