Coquetterie …au masculin !

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Les femmes sont réputées pour le grand intérêt qu’elles accordent à leur bien-être physique. Tout est permis jusqu’aux artifices les plus invraisemblables et les produits les plus bizarres. Ce qui a valu aux femmes durant un bon moment l’étiquette de l’être superficiel et futile.

« Certaines femmes peuvent rester de marbre face à n’importe quelle catastrophe et faire un tas si elles se cassent un angle ou qu’elles découvrent un bouton en plein nez en se regardant le matin dans un miroir. Rien ne compte pour elles que leur apparence, les dernières créations en produits cosmétiques et la nuance de coloration en vogue du moment. Heureusement que ce ne soit pas le cas de toutes les femmes », nous confie Mokrane, vendeur dans une boutique d’habillement pour femmes hyper branché à Tizi-Ouzou. Mokrane n’a certainement pas tout à fait tort.

Mais ce qu’il ignore encore, ou préfère ignorer, c’est que les femme ne sont plus les seules qui se soucient de leurs apparences, mais que les hommes s’y sont mis aussi. C’est la tendance du moment. Au fait la tendance est de plus s’en cacher. Les hommes assument, dorénavant, le fait d’utiliser des crèmes hydratantes, des crèmes anti-rides et même des colorations pour cheveux. Ce qu’ils n’avouaient pas aisément il y a quelques années. « Mon mari utilise une crème hydratante plusieurs fois par jour. Au fait à chaque fois qu’il se lave le visage. Il utilise également une crème anti-tâches brunes et se protége la peau avec un écran total dont il choisit l’indice de protection, selon les saisons. Il s’épile chaque deux jours et demande ma contribution pour lui arranger les sourcils. Il a quelques poils qui dépassent. Sa hantise c’est les points noirs ! », nous raconte Maya, 32 ans, qui nous confie ne jamais se soucier de sa propre image, de se négliger même, notamment depuis son accouchement depuis quelques mois. « Mes amies sont étonnées quand je leur dis que la palette de produits étalés sur ma coiffeuses appartient à mon mari », ajoute Maya. Il faut dire qu’hormis le fait que son mari ait toujours pris soin de son corps, via le sport entre autre, il a été presque contraint à en faire trop lorsqu’il gérait son propre restaurant en Allemagne. Il devait être irréprochable aux yeux de ses clients. D’ailleurs, à cette époque là, il recevait la manucure et pédicure dans son établissement, selon Maya. Dorénavant c’est sa femme qui lui fait les angles. Elle est loin de l’efficacité d’une professionnelle mais elle s’attelle tant bien que mal à assurer pour faire plaisir à son mari. Au fait elle aime bien la place que son mari réserve pour son bien être Maya ne s’en plaint pas d’autant que son mari au milieu de toutes ses crèmes et ses artifices reste très viril, un tantinet macho même !. Preuve, il a pratiqué la boxe professionnelle dans le passé, il tient à ses entraînements depuis son retour en Algérie.

L’histoire des couples qui s’arrachent les pots de crèmes est monnaie courante depuis quelques années. Et cela se passe généralement bien. Le hic pour cette catégorie d’hommes c’est qu’en l’absence des produits conçus pour eux, ils se contentent de partager la mallette à trésors de leurs compagnes. Et pourtant la majorité des grandes marques de cosmétiques pensent à eux. C’est un marché tellement porteurs que pour chacun des produits pour femme on trouve égal pour la gent masculine. Mais au fait seuls les messieurs d’outre mer en profitent. En Algérie rares sont les commerces qui les proposent. A Tizi-Ouzou, ils sont quasi introuvables. Sur les étals des tiziousiens, hormis les shampoings, gels douches et autres déodorants, sticks et after shave, ne trouve rien à offrir à son Jule.

Les commerçants disent ne pas trouver acheteur pour ce genre de produits, d’où leurs réticences. « Un kabyle peut acheter un déodorant, une crème à raser ou n’importe quel produit classique. Mais il n’osera jamais demander une crème anti-ride ou une crème colorante même s’il en a grand besoin », nous confie un vendeur de produits cosmétiques en plein centre de Tizi-Ouzou. Autre phénomène. Les problèmes capillaires, surtout la hantise des plus de 35 ans. On nomme les cheveux blancs ! Il faut dire que la teinte est devenue le seul outil pour réparer des ans d’irréparables outrances ou bien juste de sages signes de l’inévitable vieillesse. Peu de gens aussi savent vieillir et refusent les affres du temps qui passe. Calvitie ou pas, les hommes « valent aussi bien » toutes les colorations de cheveux.

Seulement, ces derniers n’ont pas toujours le choix en terme de produits. Contrairement aux femmes pour qui un éventail de produits se présente en terme de marque, de couleurs et de nature de coloration, les hommes ne trouvent rien sur les étals à même de les débarrasser de ses intrus, signataires de vieillesse. “Les colorations pour homme ont une composition différente des colorations conçues pour les femmes”, nous explique Razika, esthéticienne. A défaut de pouvoir se procurer ces produits « miracles », les hommes puisent là encore dans les étals destinés à leurs femmes. Dans la majorité des cas, l’opération se fait discrètement. Les hommes concèdent rarement à mettre un ami un proche dans la confidence. Les coiffeurs pour hommes interrogés à Tizi-Ouzou, disent avoir très rarement appliqué une coloration à leurs clients. Selon eux, on ne se bouscule pas aux portillons. Seulement les coiffeurs disent avoir aperçu plus d’une fois des repousses chez leurs clients qui attestent d’une récente coloration. Ils se contentent de couper sans poser de question. Le sujet peut fâcher, selon eux. « Mon oncle s’est teint les cheveux en blond pour son troisième mariage.

Dans sa course avec le temps, c’était le seul moyen qu’il ait trouvé pour montrer à sa femme, de 20 sa cadette, qu’il tient toujours la route et qu’il n’est pas aussi grabataire que son âge voudrait qu’il soit. Le résultat est étonnant. Il est à croquer d’autant que la couleur qu’il a choisi sied parfaitement à la couleur de ses yeux d’un bleu éclatant », nous confie Malha, 38ans. Le seul hic serait les « ratés », selon elle. « Des fois mon oncle ressemble à une carotte! ».

La chevelure ne serait alors plus la parure de la femme, les hommes le croient aussi. Sinon pourquoi autant d’intérêt pour la coloration même si elle reste inavouée ? A écouter Célia, il y aurait d’autres aspects de la coquetterie que l’homme insiste à taire. « J’ai entendu parler des hommes qui s’épilent, de ceux qui font des diets pour garder leurs lignes, d’hommes qui ne sortent jamais sans leur broshing, mais je n’avais jamais vu d’homme qui se maquille jusqu’il y a une année », nous raconte-t-elle. L’histoire concerne un ami de fac de Céline, d’une correction et d’une droiture irréprochable, selon Céline qui souligne au passage que physiquement son ami n’avait absolument rien à se reprocher. « Un jour nous nous sommes retrouvés dans une cafétéria du côté de la fac, avec une bande d’ami. Il faisait chaud et la climatisation était en panne. On suait comme des porcs. Spontanément, après m’avoir essuyé le visage avec un mouchoir, j’en ai passé un sur le visage de mon ami. Et là surprise. Mon mouchoir était maculé de fond de teint !. Mon ami était embarrassé, d’autant que le reste de la bande se sont bien foutu de sa gueule. Ce qui l’a forcé à nous quitter précipitamment. Le lendemain, gêné il est venu m’expliquer que le fond de teint était la seule solution qu’il a trouvé pour cacher les cicatrices qu’il avait hérité d’une acné dont il avait souffert des années auparavant. Je ne l’ai pas jugé. Aujourd’hui on est fiancés. Ses cicatrices ne me dérangent pas, encore moins son fond de teint ! », nous confie-t-elle. Il y a deux morales à retenir. La première : il ne faut jamais juger les gens sur la mine. Cette dernière peut cacher des heures de « travail » et des tonnes de produits. La deuxième serait qu’il ne faut pas juger tout court. Le corps est la baraque ou notre existence est campée, on devrait en prendre soin. Ca change un peu des hommes puant des aisselles et des chaussettes qui nous collent dans les bus et autre transports publics!

Samia A.B.

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