C’est en application de l’article 80 de la Constitution que le Premier ministre est tenu de présenter son programme devant les élus du peuple pour adoption ou rejet.
Vu le climat régnant au sein de l’Hémicycle, l’exercice sera de tout repos pour le Premier ministre. Et pour cause, le soutien qu’ont décidé, hier, les députés RND des deux Chambres, ceux du FLN, parti majoritaire à l’Assemblée, et leurs alliés de l’Alliance présidentielle, ceux du MSP, les Indépendants et les autres modestes formations, l’opération s’annonce d’ores et déjà acquise pour Ouyahia. Hormis le RCD, qui a boycotté la séance de présentation, le PT compte, selon certains députés de cette formation, apporter « des correctifs » au texte proposé, notamment en ce qui concerne l’accord sur les marchés cédés aux étrangers.
Les députés du Parti des travailleurs comptent aussi s’appuyer sur la directive présidentielle stipulant qu’aucune participation des entreprises publiques au profit des étrangers ne devrait dépasser les 49%.
Dans son allocution, Ahmed Ouyahia a indiqué que le plan d’action vient poursuivre » l’exécution d’un programme présidentiel qui a déjà beaucoup avancé. » Et parallèlement au parachèvement du programme présidentiel, Ouyahia affirme que son équipe gouvernementale s’attellera » à la préparation des élections présidentielles du printemps prochain. » Sur ce point, le Premier ministre a, au départ, salué les membres du Parlement qui avaient « consolidé la responsabilité du peuple, sans limitation aucune, dans le choix du premier magistrat du pays auquel il confiera la conduite de son destin. » Toujours à propos des prochaines élections, Ahmed Ouyahia s’est engagé, au nom de l’Exécutif, » à veiller au strict respect des dispositions de la loi électorale amendée et enrichie en novembre 2003, à l’initiative de l’APN. » Dans le même ordre d’idées, il a ajouté que » le gouvernement mobilisera les ressources humaines de l’administration, soit près de 600 000 agents, pour la gestion des différentes opérations liées à l’organisation de ces élections. » Enfin, il a indiqué « qu’ils réuniront les conditions matérielles requises pour une campagne électorale sereine. » Tout en indiquant que l’application du programme présidentiel touche à sa fin, Ahmed Ouyahia a, néanmoins, souligné que » l’Algérie n’a pas surmonté toutes les séquelles du désordre et des destructions de la tragédie nationale. »
Abordant la situation sécuritaire, Ouyahia a estimé que grâce à l’engagement courageux du Président et la résistance héroïque du peuple, » l’Algérie est demeurée debout. »
Après un hommage aux forces de sécurité, tous corps confondus, Ouyahia a appelé à la poursuite du combat contre le terrorisme. « Les résultats de la lutte contre le terrorisme seront encore meilleurs grâce à la vigilance constante de toute la société pour éviter que des brèches ne soient exploitées par les criminels « , a encore indiqué le Premier ministre. Par ailleurs, Ahmed Ouyahia a réaffirmé l’engagement du gouvernement à poursuivre la mise en œuvre des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.
Sur le plan économique, Ahmed Ouyahia a estimé que le programme présidentiel » répond aux attentes du peuple, lequel a versé un lourd tribut à la tragédie nationale. » Le programme de la relance économique a été considéré, a indiqué le Premier ministre, par un autre pour le soutien à la croissance. Ces programmes ont nécessité des enveloppes budgétaires énormes, a souligné Ouyahia, qui a ajouté que l’année 2008 a vu la mobilisation de près de 25% du PIB du pays au titre du budget public d’équipement. Plus précis, le Premier ministre a souligné qu’entre 2004 et 2007, » l’investissement a atteint 8 000 milliards DA, soit 123 milliards de dollars. La croissance était de 6,3% en 2007, elle sera de 6% cette année et se maintiendra à 6% pour l’année prochaine. » Par rapport à la crise financière mondiale, le Premier ministre a estimé que la crise n’a pas épargné l’Algérie, » du fait de son impact sur les prix des hydrocarbures et donc sur le revenu du pays. » Par ailleurs, il a tenu à rassurer les députés en indiquant que le pays » a les moyens de traverser cette crise sans grands dommages et elle entend également maintenir le rythme de son développement ainsi que l’intensité de sa politique sociale. »
A signaler que les débats ont tourné autour du plan d’action toute la matinée d’hier. Ils se poursuivront jusqu’à jeudi, date à laquelle le Premier ministre est tenu de répondre aux questions des députés avant de procéder à l’élection.
Mohamed Mouloudj