Ce n’est pas une blague ! L’urbanisation de la région, l’expansion des petites villes un peu proches, l’exode rural et le développement du réseau routier, sont les raisons qui ont poussé les habitants de cette région montagneuse à se passer des services de ce compagnon de labeur infatigable qui ne cesse toutefois de réclamer sa liberté par les braiments et les tentatives à la fuite. Une tendance vers la disparition qui aurait pu jusque-là passer inaperçue s’il n’y avait pas eu la cueillette des olives qui a redonné à cet animal sa fonction et son rôle en raison de sa capacité unique à porter de lourdes charges même par les venelles les plus escarpées. D’ailleurs, le prix de l’âne sur les marchés locaux en cette période de l’olivaison a triplé variant entre dix mille et quinze mille DA contre quatre mille et cinq mille DA seulement le reste de l’année.
La baisse remarquable en nombre de cet animal a causé une véritable crise ces derniers jours surtout dans les villages qui n’ont pas de pistes agricoles et où l’accès aux champs d’olives est difficile. Ce qui constitue une vraie gène pour les rares propriétaires qui sont dans l’obligation de refuser de prêter leurs ânes puisqu’ils ne peuvent pas satisfaire toute la demande.
A noter que l’ânesse est presque inexistante dans la région de Seddouk, tout comme dans le reste de la Kabylie, ce qui fait que les ânes et les autres équidés proviennent des autres wilayas.
De ce fait, la tendance à l’urbanisation de la région s’est répercutée négativement sur la fonction et le rôle de cet animal et évidemment sur son nombre.
Cet animal de somme va-t-il disparaître complètement de notre région ? Peut-on se passer de lui ? Est-ce fini le beau temps des courses et les ballades avec l’âne pour les enfants ? Le paysage du village kabyle sera-t-il dépourvu dans le futur de cet animal qui fait partie intégrante ?
M. C. Aït Meziane
