Spiritualité et identité millénaire

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Aïn El Hammam en fête

Dès les premières heures de la matinée, un mouvement inhabituel s’empare de toute la région. Les routes ne sont jamais aussi fréquentées qu’en ces jours de fête de l’Achoura. Les voitures vont et viennent, se croisant dans un concert de klaxons. Les mausolées à visiter sont fort nombreux. Les automobilistes vont de l’un à l’autre. Djeddi Menguellet, Cheikh Arab, Sidi Zeggane, Cheikh Mohand, Sidi Ali Ou Taleb, les plus proches de Michelet, ne désemplissent pas. Un service d’ordre désigné par les villages où se déroule la fête veille au grain.

Cependant malgré toute la volonté de ces jeunes, les embouteillages ne tardent pas à faire leur apparition et deviennent ingérables. Il n’y a pas suffisamment de place pour le stationnement de ces centaines de véhicules qui arrivent des quatre coins de Tizi Ouzou et même des wilayas limitrophes.

Les plaques d’immatriculation indiquent que certains visiteurs viennent des villes aussi éloignées qu’Alger, Boumerdès, Djelfa, Oran ou Chlef.

Ils profitent de ce long week-end pour se retremper dans cette ambiance de l’Achoura que seuls les ruraux savent créer. Taâchourt a, ici, un cachet particulier. Les piétons, quant à eux, choisissent les destinations les plus proches de leurs villages.

Le gros des troupes est composé de femmes dont la procession s’étire à l’infini. Parées de leurs plus beaux atours, elles descendent, souvent en groupes, vers le lieu de rassemblement. Les groupes se croisent, se saluent dans un incompréhensible charivari. Les rires se font entendre de très loin donnant un air de fête à ces chemins pourtant si silencieux, la veille, seulement. L’ambiance festive a déjà commencé. Le rituel est le même, que l’on soit à Djeddi Menguellet où à quinze kilomètres plus loin, à Cheikh Mohand. De la musique folklorique distillée à coups de haut-parleurs ou des groupes de musiciens (tbel) occupent tout ce beau monde en attendant que le repas soit prêt. Les organisateurs ont pris le soin de préparer le traditionnel couscous à la viande, servi dans de grands plats qui sont vite entourés par les visiteurs affamés par tant d’efforts, fournis depuis le matin. La marche et par endroits, la danse, ouvrent l’appétit des hôtes.

Et puis, de toutes façons, pour la bénédiction du “maître des lieux,” on ne peut repartir de la ziara “visites au saint” sans avoir goûté à ce qui y est offert (couscous, beignet ou autres). Les visiteurs reviendront tous les jours (deux ou trois en général) que dureront les festivités. Les pèlerins rentreront alors, heureux et surtout convaincus d’avoir bénéficié de la baraka du cheikh qui accédera aux désirs de tous ceux qui, par leur présence, ont honoré le mausolée.

A. O. T.

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