La rue reste indifférente

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On ne se bouscule pas encore devant les bureaux des différentes APC dans la wilaya de Tizi-Ouzou, pour s’inscrire sur les listes électrorales en prévision de la prochaine élection présidentielle. La large campagne menée dans ce sens à travers les médias lourds par les pouvoirs publics est comme tombée dans l’oreille d’un sourd sourds du côté de la capitale du Djurdura. On ne se presse pas en effet pour s’inscrire, pourtant la présidentielle n’est plus aussi loin, elle s’approche à grands pas. Cela renseigne en fait sur le peu d’engouement que celle-ci suscite auprès de la population de Tizi, préoccupée par d’autres soucis quotidiens. « J’avoue que je ne savais pas que notre pays se prépare pour à des élections, » nous dira un jeune chômeur. Pourtant la télévision algérienne multiplie les interventions sur cette échéance depuis quelque temps, avons-nous rétorqué. Sur ce, notre interlocuteur répondra tout bonnement qu’il ne suit pas les programmes de l’ENTV. Un étudiant que nous avons apostrophé sur ce sujet ces élections sont un non-évènement. « J’ai ma carte d’électeur, j’ai déjà voté auparavant, mais depuis quelques années je ne le fais plus. Et ce sera le cas cette fois aussi puisque cela ne changera finalement rien pour moi » indiquera-t-il. En somme, la prochaine échéance électorale est loin de constituer le sujet de discussion dans la rue de Tizi, même l’annonce de boycott du RCD et du FFS a été reçue dans l’indifférence. « Moi je suis mes propres consignes, cela fait bien longtemps que je n’écoute plus les partis politiques et la politique en général, » note un commerçant exerçant dans la ville. « Nous avons d’autres préoccupations qui priment, trouver du travail est l’une d’elles. On est las des promesses de nos politiques, » dira pour sa part Omar des Ouadhias descendu hier dans la ville des Genêts pour régler une affaire qui traîne depuis plus de deux mois ».

De son côté, un transporteur de voyageurs desservant la ligne Tizi-Ouzou – Azzazga dit qu’il n’attend pas grand-chose de ces élections qu’il « boycottera à coût sûr ». « Et puis les jeux sont faits d’avance, je ne vois pas l’utilité d’aller voter c’est Bouteflika qui sera réélu, » comment-t-il. Un avis qui n’est pas partagé par son compagnon assis avec lui dans son fourgon. « Le problème chez nous c’est qu’on se croit tous des connaisseurs en la matière, non, rien n’est fait et les dés sont loin d’être jetés contrairement à ce qu’on essaye de nous faire croire, » rétorquée celui-ci avant de nous assurer qu’il sera au rendez-vous le jour « J ». Lounès d’Ath Yenni, d’un certain âge, qui attendait l’arrivée d’un fourgon pour rejoindre sa localité, estime également qu’il est utile de voter, « en tout cas moi je voterai, » dira-t-il, convaincu qu’il est qu’avec son geste il aura participer à l’édifice de la démocratie en Algérie. Ce dernier s’est dit même frustré qu’un évènement pareil, à savoir l’élection présidentielle, n’attire pas plus l’attention.

Il est vrai en effet que cette échéance ne fait pas la  » une » des discussions à Tizi. Elle est même rarement évoquée dans une wilaya où l’on se soucie plus des problèmes de la vie, du froid et du mauvais temps qui s’y est installé. Les résultats en dents de scie de la JSK constituent le sujet prépondérant dans les cafés et autres lieux publics de Tizi qui reste ainsi froide à l’image du climat qui y règne, vis-à-vis de l’élection présidentielle. En somme, au rythme où vont les choses, Tizi-Ouzou est bien partie pour perpetuer la tradition, qui est la sienne, de faire l’impasse sur ces élections. Comme l’a si bien dit un citoyen, l’élection présidentielle américaine qui ont intronisé Obama à la tête de la première puissance mondiale ont été suivies avec beaucoup plus d’intérêt. « L’évènement prendra les devants de la scène dans les tout prochains jours, » estime toutefois un observateur. Peut-être, mais rien n’est moins sûr !

M. O. B.

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