De prédicateur pour la paix, au médiateur pour la concorde civile, jusqu’à sa présentation à la Cour criminelle d’Alger pour appartenance à El-Qaida et planification de l’assassinat de Mohamed Lamari et Larbi Belkhir, respectivement anciens chef d’Etat-major et Directeur du cabinet présidentiel, tel est le parcours, qui n’a rien d’atypique, de Hadj Djilali Bouazza.
Au commencement, selon notre confrère Djazair News, l’Imam de Bruxelles s’occupait de l’organisation du pèlerinage, Hadj et Omra, aux lieux saints de l’Islam, pour les ressortissants maghrébins, suit sa rencontre avec un haut diplomate algérien venu le solliciter pour une éventuelle fatwa, en collaboration avec de grands Imams saoudiens, afin d’arrêter l’effusion de sang à l’époque de la Concorde civile.
L’imam se rendit en Arabie Saoudite et rencontra le prédicateur wahhabite Soulaymane Ben Nasser Allouane.
Ce dernier écrivit à Hassan Hattab, l’ex-émir du GSPC, lui suggérant de le contacter par téléphone, lui précisant que l’objet de la conversation téléphonique serait la recherche d’une solution pour l’arrêt des violences et préserver la sécurité des gens et de leurs biens. Aussitôt, l’Imam Hadj Djilali Bouaza remit au haut responsable algérien la lettre qui demeura quatre ans chez lui. Ce responsable multiplia les visites chez l’imam, proche de dirigeants de l’ex Fis ayant bénéficié plus tard des dispositions de la Charte, à l’image de Rabah Kebir.
Le tournant
Les aveux de l’imam commencent lorsque celui-ci affirme avoir pris contact individuellement avec le chef d’El-Qaida en Syrie, Adel Saker, un Algérien très actif à Damas. Considéré comme l’intermédiaire entre l’organisation d’El-Zarkaoui en Irak et les combattants algériens désirant partir pour combattre l’occupant américain. L’imam, ayant obtenu la nationalité belge en 2004, a participé au conclave ayant réuni l’état-major d’El-Qaida au Moyen Orient.
Outre lui et son compatriote Saker, étaient présents Abou Abdallah El-Masri, le Tunisien Abou-Mohamed et le saoudien Abou Oussama. Ces émirs étaient chargés du recrutement et de l’infiltration des combattants arabes en Irak. Il a rencontré le représentant d’El-Qaida pour l’Europe, le Marocain Abou Hamza Al-Andaloussi et un représentant du GSPC qu’il sollicita pour accueillir et ouvrir un camp d’entraînement pour 100 combattants marocains désirant rejoindre l’organisation salafiste afin de perpétrer des attentats à Rabat.
Planification de l’assassinat de Mohamed Lamari et Larbi Belkhir
C’est Adel Saker, arrêté par les services de sécurités syriens et remis aux autorités algériennes, qui dévoileront tous les faits reprochés à l’imam de Bruxelles. Selon le terroriste, Hadj Djilali aurait demandé, lors de ses contacts avec les membres d’El-Qaida, une aide afin de mettre en œuvre un complot pour assassiner le chef d’état-major de l’armée algérienne, Mohamed Lamari, et le directeur du cabinet présidentiel, Larbi Belkheir, lui faisant savoir qu’un groupe travaillait en concertation avec lui, et suit tous les déplacements des deux concernés à Paris.
10 ans de prison ferme
Même si l’imam a nié tout ce que le chef d’El-Qaida a avancé à son encontre, en criant être victime d’une machination, la cour criminelle d’Alger l’a condamné à dix ans de prison ferme sous les chefs d’inculpation d’appartenance à une organisation terroriste à l’étranger, collaboration avec Al-Qaida en Irak et planification pour l’assassinat de hauts responsables de l’Etat algérien.
Yassine Mohellebi