Les lycéens marchent à Alger

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La contestation de la famille de l’éducation prend une autre ampleur. Hier c’était au tour des lycéens des classes de terminale de sortir dans la rue pour déverser leur colère. Il étaient environ un millier à avoir marché jusqu’à l’annexe du ministère de l’Education située au Ruisseau. En rang organisé malgré l’absence d’un guide, les futurs bacheliers ont donné l’exemple au point où l’étonnant dispositif de sécurité n’a eu aucun mal à intervenir tout au long du parcours pour canaliser les protestataires. La marche a commencé de Birkhadem où quelques dizaines d’élèves ont rallié d’autres camarades des lycées relevant de la commue de Kouba et Bachjarah pour continuer leur marche jusqu’au siège de l’annexe du département de l’Education. Ils ont fait vibrer les longues avenues parcourues par leurs slogans « Nous ne sommes pas des cobayes, alléger les programmes » ou « Talaba ghadiboun lilnadjah ghaliboun » « On demande Benbouzid ». Les élèves contestataires sont issus des lycées Hamia, Saâd Dahleb, Hassiba Ben Bouali, Garid II, Jolie Vue, Amara Rachid Ben Azzouz, Bourouba, Technicum de Kouba, Ali Boumendjel et El Afia.

Quelques minutes après l’arrivée des contestataires devant l’entrée de l’annexe, un groupe de 8 personnes représentant quelques lycées ont été désigné et conduits en voitures vers le siège du ministère de l’Education à El Mouradia. Ils ont eu une réunion avec le secrétaire général du ministère. A l’issue de la réunion, les délégués ont eu la promesse des responsables du secteur de régler rapidement leurs problèmes soulevés et qu’ils pourront rejoindre leurs classes en toute sérénité. Les centaines de contestataires qui attendaient leurs camarades négociateurs, ont été aussitôt informés quand un officier de la police faisait passer par écoute de son talkie walky la décision d’un responsable du ministère.

Plus tard avant qu’un autre groupe de 4 personnes représentants d’autres lycées ne soit aussi choisi pour aller négocier avec le secrétaire général, les dizaines de protestataires restés encore sur les lieux n’ont pas entendu “la promesse du ministère de cette oreille” et comptent poursuivre la grève et menacer de marcher aujourd’hui jusqu’à obtenir gain de cause. Les élèves de la terminale contestent le volume des cours dispensés durant la semaine pour un minimum de 5 cours par jour. Comme ils dénoncent également le contenu du nouveau programme. Des élèves nous ont révélé que certains lycées ou classes de la terminalesn’ont consacré que 10% et dans certains cas 30% du programme avec l’impossibilité de suivre les cours et toutes les filières. Les contestataires s’élèvent contre l’introduction au programme par la matière des sciences islamiques au coefficient 2.

Mieux encore, les élèves disent être saturés par l’obligation des cours supplémentaires qui leur coupent le souffle même le vendredi et obligent par ailleurs les parents à débourser des frais insoutenables dont beaucoup n’arrivent pas à subvenir à leur besoin. S’agissant des matières dispensées, les élèves citent l’exemple de la physique où ils n’ont consacré que le 1/3 des deux tomes. Pour les mathématiques, 4 des 17 chapitres seulement ont été dispensés jusque-là. Pour les sciences, il se plaignent du volume de son programme dont la matière est composée de 5 unités dont chacune comporte 8 activités ( cours et TD). Ils estiment que les concepts sont abstraits pour les niveaux des élèves, une raison pour laquelle beaucoup d’élèves qui obtenaient des encouragements se sont vus régresser de quelques points pour n’atteindre tout juste que la moyenne. En ce qui concerne les matières histoire-géo, l’option de choix entre deux sujets aux examens au bac a été annulée et les élèves n’auront qu’un seul sujet désormais.

Les livres ( annales) ne sont pas en reste puisqu’ils disent que leurs prix sont non seulement inabordables mais ces annales El Djahid pour les matières scientifiques sont carrément dupliqués des livres français Bordas. L’anglais qui est de coefficient 5 comporte 6 unités dont une seule unité a été suivie jusqu’à maintenant. En tout état de cause, les élèves grévistes ont été unanimes à décider de ne pas reprendre les cours et comptent marcher aujourd’hui dans leur deuxième round pour faire encore pression sur la tutelle afin de résoudre concrètement ce problème de la charge des cours et du programme qu’ils jugent abstrait.

Nacer Ould Mammar

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