Loin des agissements et surtout des engagements sentimentaux pour la promotion de tamazight, le travail intellectuel doit prendre le relais du combat politique que plusieurs générations de militants ont mené plusieurs années durant. Depuis l’institutionnalisation de tamazight en tant que langue nationale après les douloureux événements du Printemps noir, le tamazight commence déjà à reconquérir des espaces pour son épanouissement.
Comme l’école, les journaux, les médias…, le travail pour tamazight vient de connaître ses débuts, lui acquérir les moyens dont dispose la langue arabe est un autre combat de longue haleine à mener. L’initiative prise par l’Association des enseignants de tamazight de la wilaya de Tizi Ouzou est à saluer, dans la mesure où même avec le peu de moyens dont elle dispose, ses activités sur le terrain démontrent le sincère engagement de ses adhérents. Pour cette année, l’association organisera, le 9 février prochain, la 3e édition du Concours Mouloud Mammeri. C’est un concours de dictée pour les élèves du cycle moyen et aussi du primaire.
Cet événement qui regroupera des centaines d’élèves choisis parmi les brillants dans cette matière sera aussi une occasion pour ses initiateurs de vérifier l’adhésion des élèves et des parents à l’enseignement de tamazight. Après tant d’années de combat politique pour sa reconnaissance, la deuxième phase de cet engagement militant incombe aux intellectuels et scientifiques. Le dur combat qu’a mené la Kabylie pour sa langue et sa culture ne doit pas rester confiné dans le domaine du politique. Plus de lucidité et de discernement de la part des intellectuels et des scientifiques est la chose la plus attendue pour assurer un épanouissement sûr et réel pour cette langue plusieurs fois séculaires. Cette langue reste, malgré sa reconnaissance comme langue nationale depuis 2002, sujette à plusieurs tentatives de sabordage par des cercles connus pour leur hostilité à tamazight, qui n’en peuvent rien devant l’attachement et l’engagement indéfectible de plusieurs militants et intellectuels. Le dernier en date est l’interdiction d’inscrire des nouveau-nés sous des prénoms amazighs à l’état civil de la ville des Genêts. Ensuite, la demande formulée par certains “dépités” islamistes de l’Assemblée populaire nationale de transcrire tamazight avec des caractères arabes, est aussi une autre tentative d’assujettissement culturel. A cela s’ajoute la rareté des postes budgétaires alloués à tamazight dans les établissements publics. Cet état de fait met les licenciés et autres spécialistes en la matière dans des difficultés financières extrêmes. Ces “militants intellectuels” ne peuvent subvenir, d’abord, à leurs besoins et, ensuite, aux besoins de la recherche et du travail dans le domaine de tamazight qui reste encore un terrain vierge.
Comme ces chérubins qui seront accueillis au » Concours Mouloud Mammeri « , l’engagement de la Kabylie pour sa langue et sa culture est aussi une affaire des moins jeunes.
M. Mouloudj
