Le Centre culturel H’cene Mezani abrite une exposition photographique de Katia Belmadi. Les nombreux visiteurs venus d’abord en curieux apprécient rapidement cette agréable irruption de couleurs et de lumières que la jeune artiste a captée dans ses photographies. Une soixantaine de photos où l’on trouve de tout, depuis les paysages de Kabylie où alternent forêts verdoyantes et montagnes majestueuses aux vastes espaces de Djanet où le regard se perd dans les immensités des sables. La jeune fille se laisse guider par sa sensibilité et son sens de l’esthétique visuelle pour restituer toutes les beautés apparentes ou cachées que la nature nous offre à travers ses diverses représentations. Les créations de l’homme sont aussi objet de son art, comme ces maisons traditionnelles où le rustique n’empêche pas une esthétique certaine de se dégager de ses murs en toub incrustés harmonieusement de galets. On imagine la vie fruste des habitants dont on ne sait pas s’ils perdent au change d’être loin de la vie moderne mais baignant dans ces immensités grandioses. Toutes ces petites choses, que le passant englué dans une stressante et morose quotidienneté, ne daigne même pas effleurer d’habitude du regard se dévoilent en des aspects inattendus, sous le jeu subtil des couleurs et de la lumière, frelon aux ailes d’un bistre rutilant cherchant le nectar dans la profondeur de pétales chatoyantes, verdure en éclosion dans un sombre sous-bois, chaton qui langoureusement se chauffe au soleil, autant d’instantanés qui nous émerveillent et nous éveillent à d’autres dimensions insoupçonnées. Les couchers de soleil sont splendides. Sur plusieurs photos successives, Katia suit doucement cette disparition progressive de l’astre incandescent, imprégnant l’horizon d’une immense rougeur évanescente, avant que n’en prenne possession le voile de la nuit. On quitte l’exposition ragaillardis et comme revivifiés, d’avoir été replongé quelques instants dans cet univers de petites et grandes splendeurs dont notre pays regorge. Tout se décline pour qui sait regarder. Et l’on ne peut que souhaiter à cette artiste la réussite, elle qui cherche à quitter les sentiers battus de l’ordinaire pour suivre la voie jamais assouvie de la découverte.
M. Amarouche
