L’abattage traditionnel des poulets fait ses premiers pas à Tizi-Ouzou

Partager

Le traditionnel poulet honore toutes les tables qui en veulent bien. Les étals des boucheries et autres points de vente de volailles l’attestent bien. Si l’on ne s’y prend pas la veille, on risque de passer les fêtes à se torturer les méninges quant au repas de substitution. Si le prix du poulet a connu une hausse non négligeable, ces derniers mois, ce n’est pas tant son prix qui devrait nous inquiéter actuellement, mais plutôt sa provenance. L’abattage traditionnel est revenu à Tizi-Ouzou, avec tous les problèmes sanitaires que cela peut impliquer.

Loin de tout contrôle, les tueries traditionnelles sont de retour, au vu et au su de tout le monde. C’est au niveau du marché des fruits et légumes de la Nouvelle-Ville que les abatteurs traditionnels ont élu domicile. Si les autorités concernées ne se décident pas à bouger le petit doigt, les tueries traditionnelles vont se multiplier et les répercussions sur la santé du citoyen ne vont pas tarder à faire du bruit. Et des marchés entiers d’abattage traditionnel vont pousser et les autorités auront, à ce moment là, du mal et les faire disparaître.

Chez nos voisins marocains c’est de venu un véritable problème pour l’Etat. Il leur est impossible de contrôler ces marchés tout comme les conditions d’élevage des poulets. Les risques de contamination sont très importants dans les élevages traditionnels en masse. Ils ne sont soumis à aucun contrôle avant de les mettre sur le marché pour la consommation. Si les poulets sont contaminés ou souffrent d’une quelconque maladie ou pathologie, le consommateur risque gros Les règles d’hygiène, le nettoyage, l’aération, la température : tout est important pour avoir un élevage en bonne santé. Un topo de toutes les conditions que sont tenus de respecter les éleveurs en règle nous montrera tous les risques que courent les clients de ces « éleveurs » avides de gain facile au détriment de la santé du consommateur.

Les éleveurs en règle sont tenus de respecter des conditions d’élevage très strictes, allant de la quantité des poulets dans un élevage à la température ambiante dans les élevages pour éviter la prolifération des bactéries. Avant l’abattage, l’éleveur est tenu de présenter un échantillon d’une vingtaines de sujets au Laboratoire Régional De Vétérinaire de Draâ Ben Khedda, pour la région de Tizi-Ouzou, en vue d’autopsies et d’analyses parasitaires, bactériologiques et infectieuses.

Ces analyses permettent à l’éleveur de recenser les maladies et autres bactéries existantes dans son élevage avant l’abattage. Il est bien entendu hors de question de mettre sur le marché des poulets malades. Et il est également question d’un contrôle systématique des élevages pour la vérification des conditions d’hygiènes où évoluent les élevages.

La commercialisation des poulets n’est possible qu’avec l’accord du laboratoire. Et dire que les gens, qui sont attirés par ce genre de pratique, pensent tout contrôler, le coût comme la qualité de la volaille. Il est vrai que côté coût il se pourrait qu’il y ait une petite différence, mais si elle existe elle est minime et ne veut rien devant la santé de l’individu. Côté qualité, le citoyen ne gagne rien en termes de qualité. Il est même question de gros risques de maladies et d’intoxications. Arezki fait partie de ces consommateurs qui pensent faire l’affaire du siècle en se procurant un poulet chez ces nouveaux marchands de volailles. « Je préfère choisir mon poulet et voir son abattage.

C’est du frais de chez frais qu’on obtient. On ne sait jamais combien de temps est resté le poulet qu’on achète dans les superettes et chez les bouchers après son abattage. Pour le prix je crois qu’il n’y a aucune différence », nous confie Arezki, rencontré devant l’une des tueries traditionnelles du marché de la Nouvelle-Ville. Ils sont deux pour le moment. Si les citoyens ne semblent pas choqués par ce mode d’abattage, loin de toutes conditions sanitaires et hygiéniques, les services d’hygiène et de contrôle de qualité tardent à réagir devant ce phénomène.

Il est vrai qu’on est loin des tueries purement traditionnelles, couteau et eau bouillante comme seul moyen, les abatteurs dont on parle ont pris la peine de s’octroyer du matériel pour l’égorgement et la plumaison. Seulement il n’existe aucune garantie quant à l’entretien de ce matériel et à la qualité de la volaille comme nous l’avons déjà dit. Le poulet une fois choisi est mis tête en bas, égorgé et égoutté de son sang dans un sceau en plastique. Personne ne sait d’ailleurs où est déversé le sang cumulé toute la journée.

Le poulet, une fois égorgé, passe dans l’appareil à déplumer. Une fois pesée, emballée, la marchandise est livrée au client contre 230 DA le kilogramme, c’est du moins le prix du poulet fixé pour la semaine dernière. Le tout dans une espèce de cabane, avec un coin réservé pour l’abattage et un autre pour l’entassement des poules séparé par un simple morceau de grillage en fer. Les poulets sont en contact permanent avec le sang. C’est la Protection mondiale des animaux de ferme (PMAF) qui sera choquée. Cette organisation qui dénonce fortement l’élevage intensif des poulets en Europe, sera scandalisée devant le mode d’abattage pratiqué au marché de la Nouvelle-Ville et les conditions d’entassement des poulets. Le prix est souvent avancé comme principal argument dans l’achat de cette marchandise, pourtant la différence est minime.

Ce qu’ignorent les consommateurs c’est que la marge qu’ils payent pour un poulet élevé et abattu dans les normes n’est autre que tous les services lui garantissant un poulet de bonne qualité et un risque de niveau zéro concernant les maladies. Et le comble dans la situation n’est autre que la réaction des habitués du marché. Ils ne semblent nullement choqués par cette pratique et ne pensent même pas à la dénoncer ; bien au contraire, ils l’encouragent en achetant leurs poulets sur place.

Le même prétexte revient. La garantie du respect de la chaine de froid quant aux poulets achetés chez les bouchers et autres surfaces d’achats, et égorgés dans des abattoirs industriels.

Même s’il est évident que l’écart est de taille, les clients des tueries traditionnelles préfèrent ignorer les risque sanitaires qu’un tel procédé peut entrainer. « Je ne vois aucun risque moi. Le poulet est abattu devant mes yeux et déplumé de suite. Son transfert jusqu’à la cuisine de ma femme me prend une dizaine de minutes tout au plus. Vous ne devriez pas vous inquiéter », nous rassure un jeune homme, la trentaine, et qui avait l’air d’être plutôt l’ « assistant » de l’abatteur que son client. Les Algériens sont amnésiques. Et dire que durant de longs mois le poulet a été boycotté en raison du risque de contamination par la grippe aviaire. Si le risque était encore de mise, le poulet sera également banni des menus des milliers de Tiziouséens. Mais pour une histoire d’hygiène qui peut vite se transformer en grand problème sanitaire, on préfère l’indifférence, et le poulet devient indispensable sur toutes les tables. Les maladies bactériennes du poulet se comptent par dizaines.

Le consommateur ne connait pas encore l’ornitobactériose, les clostridioses digestives aviaires, le botulisme, l’hémophylose aviaire, la tuberculose aviaire, la staphyloccocose aviaire, la riemerellose et autres maladies courantes et moins courantes.

Mais, les vétérinaires les connaissent bien ces maladies et bien d’autres liée à l’hygiène des élevages. Les maladies virales ne sont pas à négliger également. Et tant que le contrôle fait défaut, le consommateur ne tardera pas à connaître toutes ces maladies, malheureusement à ses propres dépens et frais.

Le mutisme du consommateur et son obstination à rester en dehors de tout ne fait qu’empirer la situation. Pour mettre fin à ces pratiques, qui mettent en péril la santé du consommateur, il est urgent de dénoncer tout comportement des commerçants ou pseudo-commerçants aptes à mettre la vie du consommateur en danger.

Samia A-B.

Partager